L’anticipation est un mécanisme cognitif qui témoigne généralement d’une grande intelligence. Nous l’utilisons pour nous préparer à bien réagir à certaines situations et pour ne pas être pris au dépourvu. Cependant, quand anticiper devient un mode de fonctionnement systématique, et que cela donne toujours lieu à l’imagination de scénarios pessimistes hautement angoissants, cela peut devenir problématique. Il est alors fort probable que la personne souffre d’une anxiété anticipatoire qui risque d’affecter sa vie quotidienne et sa santé. Heureusement, il existe divers moyens de prévenir cette dernière et de la traiter.
L’anxiété anticipatoire, c’est cette inquiétude par rapport à ce qui va se produire dans l’avenir. Avec le temps, le sujet anxieux a autant peur de la situation qu'il considère comme menaçante que de l'anxiété que celle-ci peut déclencher. Découvrons ses manifestations et ses rapports avec l’anxiété généralisée.
L’anxiété d’anticipation est ce questionnement régulier et intensif sur l’avenir. Il aboutit toujours à imaginer le pire. L’individu commence à se projeter quelques minutes, plusieurs jours ou même des mois avant l’évènement qui le préoccupe. L’inquiétude prend alors des proportions trop importantes au point de déclencher diverses manifestations physiques et psychiques. C’est l’apparition d’une telle symptomatologie qui va, en grande partie, nous renseigner sur la présence d’un fonctionnement pathologique ou pas.
Il est capital de clarifier à ce stade que l’anxiété d’anticipation n’est pas une pathologie à part entière. Selon Dutil (2022), il s’agit plutôt d’un symptôme des plus importants qu’on retrouve dans bon nombre de pathologies anxieuses.
Nous la repérons donc dans les troubles paniques, dans les TOC, dans l’anxiété de performance et bien sûr dans le trouble anxieux généralisé (TAG). Celui-ci est défini par le DSM-5 comme suit : « anxiété́ et soucis excessifs survenant la plupart du temps durant au moins 6 mois, concernant un certain nombre d’événements ou d’activités. ».
Si cette définition se rapproche de celle de l’angoisse anticipatoire, c’est parce que cette dernière agit comme le moteur même du TAG. Mais il y a quand même une petite distinction à faire. En effet, l’anticipation concerne uniquement l’avenir, alors que dans l’affection anxieuse, les inquiétudes concernent aussi bien le futur que les situations passées.
Pour bien comprendre l’anxiété d’anticipation et afin d’arriver à la prévenir et à la traiter, il est essentiel d’en connaître les causes.
Parmi les facteurs inhérents à la psychologie de la personne, nous retrouvons :
Il existe principalement deux variables environnementales qui peuvent participer à l’apparition de l’anxiété d’anticipation :
Bien que l’anticipation anxieuse soit réellement très handicapante au quotidien, elle n’est heureusement pas incurable. Pour tous les troubles anxieux avérés qui comprennent ce type d’anxiété, le traitement peut reposer sur la médication et/ou sur les psychothérapies. Le choix des deux options thérapeutiques ou d’uniquement une seule, revient généralement au psychiatre. Au vu du diagnostic et de l’anamnèse, le spécialiste saura quelle est la meilleure alternative pour chaque patient. Parallèlement à tout cela, il est fortement recommandé d’adopter des exercices de relaxation au quotidien.
Rappelons que les médicaments visant le traitement des troubles anxieux ne doivent être prescrits que par un psychiatre compétent. Ils ne peuvent être vendus que sur ordonnance et il est capital de suivre les dosages indiqués par le médecin. L’automédication fait encourir, à celui qui la pratique, de très grands risques pour sa santé mentale et physique.
Nombreuses thérapies et outils thérapeutiques permettent de venir à bout de l’anxiété d’anticipation. D’ailleurs, la Haute Autorité de Santé affirme que la psychothérapie est la meilleure solution et qu’elle devrait être systématique dans la prise en charge des troubles anxieux.
Selon Lecomte et Lefebvre (2022), la TCC est la thérapie la plus utilisée face aux troubles anxieux. La première vague de cette thérapie s’était concentrée sur le volet comportemental. La seconde s’est beaucoup plus focalisée sur les cognitions. Quant à la dernière, elle s’est intéressée à de nouveaux principes comme ceux de la pleine conscience.
Le thérapeute s’associe au patient et le guide dans son processus de guérison en l’aidant à prendre du recul sur ses pensées, ses émotions et ses comportements. La personne souffrant d’anxiété anticipatoire arrivera ainsi à mieux connaître les liens entre ces 3 sphères et à avoir une meilleure maîtrise sur ses pensées biaisées et sur ses réactions.
Faisant partie de la thérapie cognitivo-comportementale, la thérapie d’exposition consiste à confronter le patient à ses peurs. Cette immersion ne se fait pas d’une manière « violente ». Elle va se faire d’abord à travers le discours, via l’imagination et enfin par une exposition in vivo.
Le psychothérapeute et le patient vont repérer les situations les plus anxiogènes et les classer selon l’intensité des angoisses qu’elles génèrent.
La personne sujette à l’anxiété d’anticipation va d’abord devoir gérer les conditions les moins effrayantes avant d’arriver à celles qui suscitent le plus de manifestations physiques et psychiques. Elle parlera, d’abord, de ces moments tant redoutés avant de se les représenter dans son imagination. Parfois, il est même possible d’y être exposé grâce à des dispositifs innovants utilisant la réalité 3D. Enfin, l’individu sera placé dans l’environnement réel. Tout cela a pour but d’habituer le sujet à ce qu’il perçoit comme une menace pour apprendre de plus en plus à dompter ses peurs.
Si le spécialiste de la santé mentale repère un environnement social insécure à la base de l’anxiété d’anticipation, il peut conseiller la thérapie interpersonnelle. Bien que cette dernière ne soit pas très utilisée en France, l’IFTIP (institut de formation à la thérapie interpersonnelle) affirme qu’elle est spécialement efficace face à la dépression et à certains troubles anxieux.
Contrairement aux TCC, cette approche très populaire aux Etats-Unis, ne va pas amorcer une restructuration cognitive. À l’encontre de la psychanalyse, elle ne se focalisera pas non plus sur les expériences enfantines, mais plutôt sur les relations actuelles. Selon cette approche, ce sont ces dernières qui génèrent des sentiments d’isolement, des conflits, un changement dans les rôles sociaux ou qui obligent à la gestion de deuils. Ces 4 paramètres seraient à la base de l’apparition de l’anxiété.
D’après les docteurs en psychologie canadiens Clyde et Foomani, la thérapie vise plus à créer un apaisement émotionnel qu’à réellement résoudre les soucis sous-jacents. Elle se focalisera sur la parole autour des pensées et des émotions ainsi que sur l’identification des schémas relationnels. Cela mènera à retrouver des relations saines et un bien-être mental.
La thérapie d’acceptation et d’engagement ou l’ACT est une thérapie dont l’efficience sur les troubles anxieux a été reconnue par l’American Psychological Association (APA). Elle fait partie de la 3ème vague de TCC et elle a été élaborée par Steven C. Hayes et ses collaborateurs.
Elle a pour objectif principal d’améliorer la flexibilité psychologique du patient face à ses émotions, à ses pensées, à son identité et à ses comportements. Elle lui permet également de s’ancrer dans le présent et elle l’aide à prendre de la distance par rapport à ses ressentis. Le but final n’est pas de modifier les cognitions et les affects, mais de les accepter et de relativiser ceux qui empêchent de réaliser les objectifs de la vie. Tout cela se fait, entre autres, avec des outils comme la relaxation.
Comme nous l’avons mentionné, la relaxation peut faire part intégrante des psychothérapies recommandées dans le cas d’une anxiété anticipatoire. Mais même si ce n’est pas le cas, cette pratique devrait faire partie de la routine de toute personne qui cherche à retrouver un apaisement et une sérénité interne.
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Pour éviter qu’un simple stress ne se transforme en une véritable anxiété d’anticipation donnant lieu à une pathologie psychique dérangeante, il est important d’adopter une bonne hygiène de vie, de bien dormir, de manger sainement… Mais il y a aussi d’autres gestes qui peuvent jouer le rôle de véritables anti-stress.
Parmi les pratiques à inclure dans la routine quotidienne ou hebdomadaire pour réduire le stress et éviter l’anxiété d’anticipation, il y a :
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L’anxiété anticipatoire ou d’anticipation est l'un des symptômes retrouvés dans la majorité des troubles anxieux. Son origine peut être psychologique ou environnementale. Dans tous les cas, il est important de la traiter pour que la personne soit épargnée de ses manifestations physiologiques et psychiques et qu’elle retrouve une meilleure qualité de vie. Pour cela, il y a les antidépresseurs, les anxiolytiques, diverses psychothérapies ( TCC, ACT, thérapie interpersonnelle ou d’exposition) et également quelques exercices de relaxation. Il ne faut pas oublier que la prévention peut se faire en amont grâce au sport, à la musique et à la méditation.