Constituant une des maladies chroniques les plus fréquentes en France, l’hypertension artérielle touche un adulte sur trois. Discrète, elle se caractérise par une pression sanguine anormalement élevée et elle peut avoir des conséquences graves. En effet, elle est identifiée comme la principale cause d’accidents vasculaires cérébraux (AVC) par l’INSERM (2018). Afin de prévenir l’HTA et d’éviter son aggravation, il est impératif d’agir sur ses principaux facteurs de risque. Les recherches récentes semblent attester que l’anxiété en fait partie.
Qu’est-ce que l’anxiété et comment est-elle liée à l’hypertension ?
Tout comme l’hypertension artérielle, l’anxiété compte parmi les pathologies les plus répandues. Cela a donc rapidement poussé les chercheurs à étudier le lien entre la maladie physique et le trouble psychiatrique.
L’anxiété et ses formes
Il n’existe pas une seule anxiété, mais divers types que le DSM regroupe sous l’appellation de troubles anxieux.
Ces derniers peuvent prendre une forme diffuse, persistante et souvent irrationnelle quand on est face à une anxiété généralisée. La peur peut aussi être précise et focalisée sur un objet ou une situation donnés dans les phobies. Elle peut entraîner des crises très intenses et incontrôlables dans le trouble panique et elle peut donner lieu à des obsessions et des compulsions dans les TOC.
L’élévation de la tension artérielle : un symptôme de l’anxiété
Peu importe la forme du trouble psychiatrique, l’anxiété se manifeste généralement à travers une symptomatologie physique et psychique désagréable qui peut impacter lourdement la qualité de vie du sujet. Nous observons alors :
- Une forte irritabilité,
- Des inquiétudes récurrentes,
- Des difficultés à se concentrer,
- Des tensions musculaires,
- Des troubles du sommeil,
- Une accélération du rythme cardiaque,
- Une élévation de la tension artérielle.
La relation entre l’anxiété et l’hypertension
Le stress provoque une augmentation anormale de la pression au niveau des vaisseaux sanguins. Cela est généralement ponctuel et la tension artérielle revient à la norme, une fois l’évènement anxiogène dépassé.
Ce symptôme a été analysé au crible par les chercheurs qui ont essayé de s’appuyer dessus pour étudier un lien entre l’hypertension et l’anxiété. Pan Y et ses collaborateurs (2015), ont réalisé une revue de la littérature pour regrouper tous les résultats trouvés par les recherches sur ce sujet. Ils ont découvert que les conclusions n’allaient pas toujours dans le même sens, mais qu’assez souvent les experts ont permis de relever une corrélation entre les deux maladies. Les personnes anxieuses seraient, en effet, plus à même de devenir hypertendues que les autres.
Par ailleurs, Bautista (2012) et ses collègues ont démontré que l’anxiété était un obstacle à la prise en charge de l’hypertension.
Enfin, certains auteurs ont mentionné le fait que la relation entre les deux affections est bidirectionnelle et que l’HTA peut, elle aussi, provoquer du stress en augmentant la sécrétion de cortisol.
Les mécanismes expliquant le lien entre l’anxiété et l’HTA
Les mécanismes reliant l’anxiété et la pression artérielle sont complexes. Entre les réactions physiologiques au stress et les comportements générés par ce dernier, nous retrouvons diverses pistes qui peuvent éclairer cette relation.
Réaction du système nerveux autonome face à l’anxiété et rôle des hormones
L’activation de l’axe hypothalamo-hypophyso-surrénalien est la principale réponse de l’organisme face à l’anxiété. Selon Hashimoto et ses collaborateurs (1989), cités dans la méta-analyse de Pan, celle-ci provoque sur le long terme une forte sécrétion d’hormones stéroïdes générant une rétention d’eau et de sodium et menant au développement d’une hypertension artérielle.
La stimulation de cet axe a également la propriété de provoquer une grande libération de catécholamines. Or, l’adrénaline est connue comme une des principales hormones amplifiant le risque de présenter une HTA.
Impact de l’inflammation dans la relation entre anxiété et hypertension
D’après Pickering (2007), les neuroscientifiques suggèrent que le stress prolongé et l’anxiété pourraient entraîner une inflammation chronique. Ceci s’explique par le fait que l’exposition de l’organisme à de hauts taux de cortisol et de catécholamines engendre une production accrue de cytokines pro-inflammatoires au détriment des molécules anti-inflammatoires. Or, les chercheurs ont démontré que le rôle des processus inflammatoires dans la rigidification des artères, le dysfonctionnement endothélial et l’émergence de l’hypertension.
Rôle des comportements à risques dus à l’anxiété dans l’apparition de l’hypertension
L’anxiété donne lieu à divers types de conduites qui visent à la réduire, mais qui ont l’effet contraire sur le long terme. Ces mêmes comportements accroissent le risque de développer de l’hypertension. Parmi ces derniers, nous retrouvons :
- Une alimentation malsaine : se réfugiant dans les plats gras, les pâtisseries et boissons trop sucrées, la personne anxieuse pense y trouver du réconfort. Malheureusement, cela se répercute rapidement sur la balance et le surpoids est une des principales causes de l’HTA.
- Le tabagisme : le tabac abîme profondément les artères et expose grandement à l’hypertension et aux autres maladies cardio-vasculaires.
- La consommation excessive d’alcool : dans un premier temps, cette pratique va provoquer une hypotension. Cependant, 12 heures plus tard, elle va causer une élévation importante de la pression artérielle et une augmentation du risque de faire un AVC.
Les conséquences de l’hypertension liée à l’anxiété sur la santé
L’hypertension non régulée augmente le risque de mortalité du sujet et altère considérablement son quotidien.
Risques cardiovasculaires associés à l’hypertension
L’anxiété, le stress et l’hypertension représentent chacun un facteur de haut risque lorsqu’on parle de maladies cardiovasculaires.
En effet, tous sollicitent le cœur plus que la normale et le fragilisent ce qui peut donner engendrer des insuffisances cardiaques. Par ailleurs, ils peuvent aussi être à l’origine de la survenue d’infarctus du myocarde, d’artériopathie des membres inférieurs, d’AVC…
Impact sur la santé mentale et le bien-être général
Lorsque l’hypertension apparaît, elle arrive avec un lot de symptômes. Les maux de tête, les étourdissements, la fatigue, les troubles visuels, les crampes et parfois les dyspnées vont affecter le bien-être général de la personne. Celle-ci va également être plus exposée à l’éventualité de développer des maladies neuro-dégénératives et des insuffisances rénales.
Par ailleurs, même sur le plan psychique, le sujet peut voir des répercussions. Ainsi, il a été scientifiquement reconnu que le risque de dépression est majoré chez les individus hypertendus. Notons, en plus, que certains traitements hypotenseurs ont des effets secondaires négatifs sur l’humeur.
Influence sur la qualité de vie quotidienne
Au vu de conséquences de l’hypertension liée à l’anxiété, il est clair que le quotidien du sujet ne pourra qu’être affecté. Les complications susmentionnées peuvent entraîner des limitations dans les activités, une altération de la mobilité et un besoin de s’isoler.
Il ne faut pas oublier, par ailleurs, que cette maladie chronique coûte assez cher et peut alourdir donc le budget du français moyen, l’obligeant à réduire ses dépenses.
Gestion de l’anxiété pour réduire la pression artérielle
Développer des stratégies d’adaptation au stress et réduire l’intensité de l’anxiété semblent être des moyens efficaces pour abaisser la pression artérielle.
Techniques de relaxation et de respiration profonde
Très en vogue dans notre société actuelle où les gens cherchent de plus en plus à s’épanouir malgré le rythme de vie intense, les techniques de relaxation ont prouvé depuis des millénaires leur efficacité pour traiter l’anxiété :
- La respiration profonde : cette méthode s’est révélée être très intéressante pour rabaisser le stress et la tension artérielle. Certains scientifiques ont même démontré qu’elle permet de réduire la prise de médicaments et qu’elle évite les complications de l’HTA. Pour la pratiquer, il faut inspirer profondément durant cinq secondes puis expirer pendant le même laps de temps en se focalisant sur son souffle.
- La méditation : les chercheurs recommandent une session de 20 minutes effectuée au réveil et une autre avant le coucher afin d’améliorer significativement le bien-être mental et la pression sanguine.
Activité physique régulière comme moyen de réduire le stress
Les bienfaits du sport sont nombreux. Il active les circuits du plaisir et libère des endorphines permettant de réguler l’humeur et de réduire l’anxiété. En plus, il permet d’abaisser la tension artérielle et le risque cardio-vasculaire de 14 %.
L’OMS conseille de faire 150 minutes d’exercices d’endurance d’intensité modérée ou 75 minutes d’activité intense pour observer des répercussions positives notables sur la santé. Et pour ce qui est des disciplines les plus recommandées, il y a la natation et le cyclisme.
Approches thérapeutiques pour l’anxiété et la gestion du stress
Si le sport et la relaxation ne permettent pas de réduire le niveau de l’anxiété et que celle-ci interfère sensiblement avec le quotidien du sujet, il serait alors approprié de consulter un spécialiste de la santé mentale.
En fonction du cas du patient, le psychiatre pourra prescrire ou pas un traitement médicamenteux visant à annihiler l’angoisse. Mais dans tous les cas, il envisagera probablement une psychothérapie. Celle-ci peut être inspirée de l’approche systémique ou psychanalytique. Cependant, celle qui est généralement la plus préconisée face aux troubles anxieux, c’est la thérapie cognitivo-comportementale.
Prévention de l’hypertension liée à l’anxiété
En France, 17 millions d’individus sont touchés par l’hypertension. Certains d’entre eux auraient pu éviter d’appartenir à cette catégorie de patients en adoptant les stratégies naturelles qui suivent.
Adoption d’un mode de vie sain et équilibré
En plus du sport, il est hautement conseillé d’opter pour une alimentation saine et équilibrée afin de prévenir l’anxiété et l’hypertension. Garder un poids de forme et éviter les aliments trop gras ou riches en sodium est une priorité pour réduire les risques cardio-vasculaires en tout genre. Il faut aussi bannir les cigarettes et ne boire de l’alcool que de manière ponctuelle, et ce, sans excès.
Enfin, il est crucial de bénéficier de nuits de sommeil de qualité. Pour cela, il est préconisé de s’éloigner des écrans 2 heures avant de rejoindre le lit, de dîner léger et de maintenir une température avoisinant les 18 degrés dans la chambre.
Gestion du stress et des situations anxiogènes
En plus de la respiration profonde et de la méditation, il est possible de contrôler son stress en apprenant à convenablement gérer son temps et ses priorités. Il faut aussi s’accorder des moments de pure détente durant lesquels des activités apaisantes et plaisantes permettront de se déconnecter des préoccupations quotidiennes.
Enfin, il serait également intéressant de s’initier à la visualisation et à l’imagerie mentale afin de s’armer pour mieux faire face aux évènements qui provoquent une forte angoisse.
Suivi médical régulier pour prévenir la maladie et ses complications
Le fait de consulter régulièrement son médecin traitant permet de repérer les signaux d’alerte qui place le sujet en tant que personne à risque. Le praticien pourra même dépister une pré-hypertension et éviter au patient une aggravation de son état. Il l’éduquera et l’informera des mesures préventives appropriées pour qu’il prenne ses précautions et adopte un mode de vie plus sain.
Si le diagnostic de l’hypertension est confirmé, le médecin suivra de manière continue le malade afin de vérifier l’efficacité du traitement et son bon dosage, réduisant ainsi au maximum les probabilités de complications cardiaques.
Conclusion
L’hypertension artérielle une maladie chronique associée à des risques cardio-vasculaires significatifs. Les recherches indiquent un lien complexe entre cette affection et l’anxiété. Elles expliquent cette interaction par des mécanismes physiologiques et comportementaux. La gestion de l’anxiété par des approches telles que la respiration profonde et la méditation, l’adoption d’un mode de vie sain et un suivi médical régulier peuvent prévenir l’HTA ou réduire son impact sur la santé et la qualité de vie. Dans certains cas, une psychothérapie doit être envisagée.