Principalement diagnostiquée chez les athlètes, l’anxiété de performance ne concerne pas uniquement cette population. En effet, on la détecte également chez les enfants en milieu scolaire, chez les étudiants, et même les adultes dans le cadre de leur travail. Pour venir à bout de sa symptomatologie, il est important de comprendre ses causes et de connaître les stratégies et les thérapies qui permettent de la dépasser.
Qu’est-ce que l’anxiété de performance ?
L’anxiété de performance est devenue un réel objet d’étude pour les chercheurs à partir de 1950. Mandler et les frères Sarason ont été parmi les premiers à s’intéresser à ce sujet et à développer des outils permettant d’évaluer cette anxiété. Cette dernière est intimement liée aux situations d’examen. La personne qui en souffre percevrait, selon McGrath (1970), un décalage important entre la difficulté d’une tâche et sa capacité à y répondre correctement. Il s’agit donc d’un état de tension causé par la peur d’échouer.
Si le stress face à une situation d’évaluation est tout à fait normal et qu’il peut même générer des réactions physiologiques permettant au sujet d’être encore plus performant, l’anxiété de performance peut se révéler handicapante. En causant des symptômes physiques et psychiques divers, elle constitue un frein à l’accomplissement de la tâche. Elle peut d’ailleurs être la cause de l’abandon scolaire d’après Thibault (2021). La psychologue affirme également qu’elle peut avoir des répercussions sur les comportements du sujet et sur sa vie sociale.
Symptômes de l’anxiété de performance
Les symptômes de l’anxiété de performance touchent principalement deux sphères. Commençons par les manifestations physiques. Celles-ci sont des réactions inconscientes qui préparent la personne à affronter ce qu’elle perçoit comme une menace :
- Des migraines et des troubles digestifs et du sommeil (avant et pendant la situation anxiogène)
- Une augmentation du rythme cardiaque
- Une respiration saccadée
- De la transpiration
- Une diminution de la production de la salive
- Des tremblements
- Une grande tension musculaire
- Une attaque de panique (dans les cas extrêmes).
Sur le plan psychique et comportemental, divers signes peuvent indiquer qu’une personne soufre d’anxiété de performance :
- Perception négative de soi
- Peurs et appréhensions
- Troubles de la concentration
- Evitement des situations d’examen
- Repli sur soi
- Dépression
- Recours aux substances énergisantes, à l’alcool ou aux drogues
Bien que cela soit rare, les personnes en souffrance peuvent aller jusqu’à la tentative de suicide, d’où l’importance de ne pas banaliser ce type d’angoisses et de les prendre en charge rapidement.
Les causes de l’anxiété de performance
L’anxiété de performance peut être causée par des paramètres inhérents à l’environnement où évolue la personne ou bien aux spécificités de cette dernière.
- Des facteurs environnementaux : ces derniers se départagent en deux univers : celui de la famille et celui de l’école. Dans le premier, les parents exigeants, autoritaires et dont le support est conditionnel (Bouffard et ses collaborateurs, 2015), vont pousser l’individu à avoir des appréhensions quant à ses performances. Dans le second, la méthode pédagogique va avoir une importance capitale. Les instituteurs qui s’intéressent plus aux aptitudes qu’aux résultats feront des enfants et futurs adultes des êtres confiants. Il est également essentiel que la personne évolue dans un contexte éducatif où les comparaisons sont absentes.
- Des facteurs individuels : il faut d’abord savoir qu’il y a une inégalité entre le sexe masculin et le sexe féminin en matière d’anxiété de performance. Des recherches, comme celles rapportées par Soucisse et Heins (2021), démontrent clairement que les filles et les femmes sont plus enclines que la gent masculine à développer de telles angoisses. Par ailleurs, certaines personnalités ont une anxiété trait, ce qui les prédispose à développer une anxiété de performance. Enfin, une représentation négative de soi peut constituer un terrain fertile à l’émergence d’angoisses en lien avec les examens et les évaluations.
Gérer l’anxiété de performance
Vu la symptomatologie et les conséquences de l’anxiété de performance, il est primordial d’apprendre à gérer cette dernière. Dans cette partie de l’article, nous allons d’abord développer des stratégies générales avant de nous focaliser sur les alternatives spécifiques aux athlètes, aux travailleurs ainsi qu’aux étudiants et aux écoliers.
Stratégies pour gérer l’anxiété de performance
Il existe des méthodes naturelles qui permettent de venir à bout de l’anxiété de performance. Parmi ces dernières, nous retrouvons :
- La respiration profonde : réapprendre à respirer de manière abdominale et complète, améliore la circulation sanguine, abaisse le rythme cardiaque et permet à la personne de retrouver aisément son calme. Cela peut être extrêmement utile au moment où le sujet est face à la situation qui génère l’anxiété de performance.
- La visualisation : il s’agit d’imaginer dans ses moindres détails le moment de l’examen et d’essayer de visualiser l’environnement, les réactions comportementales et physiologiques qu’il va susciter. Cette technique, associée à la respiration, va armer le sujet et le conditionner à affronter, avec le minimum d’anxiété possible, la situation d’évaluation.
- La méditation : avec la pleine conscience, cette méthode est scientifiquement reconnue comme efficace pour le traitement de l’anxiété. Pratiquée quotidiennement, elle favorise la prise de recul par rapport aux angoisses et elle améliore les capacités de la personne à dompter ses peurs. Ainsi, le sujet doit s’installer dans un milieu serein et identifier les émotions et les idées qui le submergent afin d’apprendre à les accepter. Cette pratique devra se faire durant un petit laps de temps au début. Ce dernier sera de plus en plus important par la suite.
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Gestion de l’anxiété de performance dans le sport
Si l’anxiété de performance peut diminuer les chances des athlètes de réaliser des exploits, elle peut également être une cause de blessures. Elle se manifeste dans diverses circonstances : lors des compétitions et de leur préparation, suite à un arrêt d’entraînement consécutif à un traumatisme…
Voici les stratégies conseillées par Patrick Gaudereau (2003), docteur en psychologie, pour calmer les angoisses des sportifs :
- L’imagerie mentale : il s’agit d’une technique assimilable à la visualisation et qui permet d’avoir un contrôle total sur la situation angoissante.
- Le contrôle des pensées : cette méthode permet de repérer les idéations négatives, de les rationaliser et de prendre du recul par rapport à elles.
- La recherche de soutien : ce support peut être une oreille empathique comme un coach sportif qui rassurera la personne sur ses compétences ou l’aidera à les améliorer.
- La relaxation : utiliser des techniques de relaxation, comme la respiration profonde ou les massages, aide les athlètes à prendre de la distance par rapport à leurs ressentis.
Gestion de l’anxiété de performance au travail
L’anxiété de performance au travail est bien plus fréquente que ce que l’on croit. Même si ce n’est pas toujours le cas, elle concerne, généralement, les personnes perfectionnistes et celles qui souffrent du syndrome de l’imposteur. Ces dernières, dénigrent leur potentiel, et pensent que leurs réussites ne peuvent être que le fruit du hasard ou du fait qu’elles ont dupé leurs collègues et leurs supérieurs. En plus du recours à la respiration et à la méditation, voici d’autres conseils à adopter pour arriver à maîtriser ce type d’angoisses :
- Travailler sur sa confiance en soi : en évitant les comparaisons et en célébrant les réussites, la personne anxieuse gagnerait beaucoup. En effet, elle est naturellement encline à oublier ses succès et à se sentir toujours moins performante que ses collègues.
- Analyser logiquement les échecs : les sujets souffrant de ce type d’anxiété percevront leurs échecs comme des catastrophes au lieu de les envisager comme des leçons. En analysant froidement ce qui n’a pas marché, elles prennent du recul et gagnent de l’expérience pour mieux réussir par la suite. Les failles deviennent alors un allié et non un ennemi tant redouté.
- Fractionner les défis en nombreux petits objectifs : l’anxiété peut parfois paralyser la personne, car les challenges lui paraissent insurmontables. En décomposant sa mission en plusieurs tâches, cela réduira le niveau du stress.
Gestion de l’anxiété de performance dans les études
Que ce soit à l’école ou sur les bancs de la faculté, certains écoliers et autres étudiants souffrent de cette anxiété et en viennent parfois à abandonner leurs études. Voici comment, ils pourraient essayer d’éviter de tels choix qu’ils pourraient regretter amèrement par la suite :
- Comprendre qu’un examen est une évaluation des apprentissages et non de la valeur de la personne : jeunes et un peu moins jeunes confondent leurs résultats avec leur propre valeur. En faisant la part des choses, ils ne prendront plus une mauvaise note comme une remise en cause de tout leur être, et à long terme, cela réduira leurs angoisses par rapport aux tests.
- Acquérir les techniques de gestion du temps : l’anxiété de performance peut être renforcée par un retard dans les révisions. Savoir comment répartir ses horaires en bloc ou par tâches, peut s’avérer salvateur. Cela permettra également de s’accorder des moments de distraction qui éviteront de se sentir sous la pression d’un futur examen.
Traitement de l’anxiété de performance
Si les techniques susmentionnées n’aident pas à réduire l’anxiété de performance, il se peut qu’une thérapie ou un traitement médicamenteux soient une meilleure alternative.
Thérapie pour l’anxiété de performance
Si les angoisses se chronicisent et que l’anxiété de performance est loin d’être ponctuelle, la consultation d’un psychologue ou d’un psychiatre est fortement recommandée. Ces derniers peuvent envisager :
- Une thérapie cognitivocomportementale (TCC) : le thérapeute accompagnera la personne dans la modification de ses croyances et dans sa gestion de ses différents symptômes physiques et psychiques. Cela passera par un contrat et diverses techniques, dont celles de la visualisation et de l’exposition in vivo.
- La gestalt thérapie : il s’agit d’une approche humaniste qui va aider la personne à retrouver sa confiance en elle et à ne plus se fier à ses croyances limitantes. Divers outils peuvent être utilisés par le spécialiste. Il y a, par exemple, le monodrame, les polarités et l’amplification. Tout ceci ancre le sujet dans son « ici et maintenant » et lui évite l’anticipation anxieuse. Il apprendra ainsi à relativiser et à prendre conscience de sa valeur réelle.
Médicaments pour l’anxiété de performance
Si l’homéopathie peut être une alliée de choix pour les personnes qui souffrent d’anxiété de performance, les spécialistes de la santé mentale n’envisagent les anxiolytiques qu’avec beaucoup de précautions.
- Les médicaments homéopathiques : issus de médecine douce et alternative, le Gelsemium Sempervirens, l’Ignatia amara ou l’Argentum nitricum peuvent réduire sensiblement les symptômes de l’anxiété de performance.
- Les anxiolytiques : en cas d’anxiété aigue ou ponctuelle, les benzodiazépines ou un bêtabloquant peuvent être prescrits par un psychiatre.
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Conclusion
Comme elle ne figure pas (encore ?) dans le DSM, il est difficile d’avoir des statistiques claires en rapport avec la prévalence de l’anxiété de performance dans la population générale. Cependant, de nombreuses études démontrent qu’elle est bien présente et qu’elle concerne diverses tranches d’âge. Sa symptomatologie physiologique, psychique et comportementale est dérangeante et elle est causée par des facteurs individuels et environnementaux. Pour la maîtriser et abaisser le niveau d’angoisses qu’elle génère, il existe aussi bien des méthodes naturelles à adopter seul que des alternatives thérapeutiques comme la TCC ou encore la gestalt-thérapie. La médication ne devrait être considérée qu’en dernier recours, et ce, après une consultation chez le psychiatre.