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Anxiété réactionnelle : comprendre et traiter ce trouble émotionnel

31 mars 2023
Rédigé par Inès Mouldi

L’anxiété réactionnelle est ce trouble que l’on retrouve dans le DSM IV sous l’appellation de TAA ou Trouble de l’adaptation avec Anxiété (Roys et ses collaborateurs, 2004). Selon de nombreuses études épidémiologiques, sa présence dans la population générale est importante. Pourtant, cette affection est beaucoup moins connue que d’autres pathologies mentales comme l’anxiété généralisée ou l’état de stress post-traumatique. Dans cet article, nous allons décrire ses symptômes, ses causes, ses traitements et ses moyens de prévention et de gestion.

Qu'est-ce que l'anxiété réactionnelle et quels sont ses symptômes ?

L’anxiété réactionnelle ou plutôt le trouble de l'adaptation, se caractérise, selon le DSM V, par l’apparition de symptômes en réaction à un ou à des facteurs de stress clairement identifiables. Cette symptomatologie relève des registres émotionnels, mais également comportementaux. Il faut savoir que ces signes apparaissent généralement dans les 3 mois suivant l’évènement anxiogène. Les manifestations observées sont :

  • Une souffrance marquée qui se traduit par une humeur parfois dépressive et une grande anxiété. Celle-ci entraînera des symptômes anxieux physiques (la tachycardie, l’accélération du rythme cardiaque, l’élévation de la tension artérielle, des troubles digestifs…), mais aussi psychologiques (les insomnies à répétition, l’inquiétude, l’irritabilité…).
  • Une altération importante du fonctionnement social ou professionnel (repli sur soi, agressivité, conduites addictives…).

Le diagnostic de l’anxiété réactionnelle ne peut être posé que si le patient ne répond pas au critère d’autres troubles comme la dépression, l’état de stress post-traumatique, un trouble anxieux…

Anxiété réactionnelle : comprendre et traiter ce trouble émotionnel

Les causes de l'anxiété réactionnelle : facteurs psychologiques et environnementaux

Comme susmentionné, l’anxiété réactionnelle est générée par un évènement stressant bien déterminé. Ainsi, la cause est clairement environnementale. Cependant, il existe des facteurs psychiques individuels qui vont faire que deux personnes soumises aux mêmes conditions ne réagiront pas toutes les deux de la même façon. La première développera ce trouble, alors que l’autre trouvera en elle les ressources nécessaires pour dépasser la situation sans manifester de pathologies.

Nous pouvons citer comme facteurs psychologiques :

  • Les troubles de la personnalité : selon Samulian et ses collaborateurs (1994), l’anxiété réactionnelle apparaît plus fréquemment chez les sujets souffrant de troubles de la personnalité de type évitante, dépendante, antisociale ou passive-agressive.
  • Le type de personnalité : Friedman et Rosenman ont défini en 1959 deux types de personnalité. La A et la B. La A, qui est celle qui est caractérisée par son hyperactivité et son besoin de contrôle, serait celle qui est la plus sensible au stress et la plus susceptible de développer une anxiété réactionnelle.
  • Des facteurs génétiques : la recherche de Kenesi et ses collaborateurs (1997) a permis d’établir une corrélation entre le trouble de l’adaptation avec anxiété et des antécédents familiaux de troubles anxieux et/ou dépressifs, d’alcoolisme ou de TAA.

Puisque l’anxiété réactionnelle ne peut être réellement comprise qu’à travers un modèle intégratif, prenant en compte des variables psycho-bio-sociales, il y a obligatoirement des facteurs environnementaux expliquant l’apparition des symptômes. D’après Barnhill (2020), ces derniers peuvent prendre la forme :

  • D’un événement de vie unique comme une rupture amoureuse
  • D’une concomitance de plusieurs tracas comme le fait d’avoir à la fois des soucis financiers et relationnels
  • D’un problème constant tel que le fait d’être atteint d’une maladie chronique.

Il faut savoir que le facteur stressant s’élève rarement au rang d’événements aussi effarants que ceux qui déclenchent un état de stress post-traumatique.

Comment traiter l'anxiété réactionnelle ?

L’anxiété réactionnelle à un facteur stressant impacte considérablement la qualité de vie de la personne qui en souffre. Dans les cas les plus graves, cela pourra même entraîner des idéations suicidaires et des tentatives de suicides. Il est donc capital de ne pas banaliser le trouble et de consulter un spécialiste de la santé mentale. Ce dernier pourra alors prescrire le traitement adéquat à son patient. Il se peut alors qu’il recommande :

  • Un traitement médicamenteux

En savoir plus : Médicaments contre l’anxiété : tout ce qu’il faut savoir

  • Une psychothérapie : diverses approches peuvent être envisagées. Nous pouvons citer la thérapie psychodynamique où le psychanalyste et le patient remontent à l’enfance de ce dernier. Cela a pour objectif de comprendre l’origine des troubles et de permettre à la personne en souffrance de mieux se connaître et de s’armer afin de bien réagir face aux facteurs stressants. Il y a aussi la thérapie systémique ou celle de soutien qui peuvent aider le sujet souffrant d’anxiété réactionnelle. Mais très souvent, c’est la thérapie cognitivo-comportementale (TCC) qui est la plus recommandée.

La thérapie cognitivo-comportementale pour l'anxiété réactionnelle

La thérapie cognitivo-comportementale est une approche thérapeutique fondée sur le principe du conditionnement. La théorie sous-jacente stipule que l’anxiété est le fruit d’un apprentissage et que le patient est tout à fait capable de la désapprendre. Pour cela, il doit aussi bien agir sur ses comportements que modifier ses croyances et ses pensées. À cette fin, le thérapeute l’aidera à :

  • Identifier ses pensées automatiques
  • Prendre du recul par rapport à ces dernières
  • Faire une restructuration cognitive
  • Développer des stratégies d’autogestion et d’auto-guérison.

Cela se déroulera sur un nombre de séances bien déterminé et cette thérapie est réputée pour donner des résultats assez rapidement comparativement aux autres approches.

Les médicaments pour l'anxiété réactionnelle

Les médicaments ne doivent pas être systématiques lorsqu’une personne est face à une anxiété réactionnelle. Seul un psychiatre pourra en prescrire s’il évalue que le cas du patient nécessite une prise en charge pharmacologique. Ce dernier devra ensuite se limiter au dosage prescrit et à la durée énoncée par son médecin. Les traitements les plus couramment recommandés face à ce type de trouble, sont ceux administrés aux dépressifs, aux insomniaques ou aux personnes souffrant de troubles anxieux (Barnhill, 2020). Il s’agit donc des :

  • Antidépresseurs : selon Sampang (2003), ces derniers ne devraient être utilisés qu’en cas d’échec de la psychothérapie. Dans ce cas, il est alors recommandé de prescrire un antidépresseur inhibiteur de la recapture de la sérotonine.
  • Benzodiazépines : ce sont des médicaments qui ont des effets relaxants, mais qu’il est important de ne pas prendre sur une longue durée, vu le risque de dépendance.
  • Autres anxiolytiques : ils ont un fonctionnement différent des benzodiazépines et ils entraînent également moins de dépendance.

Anxiété réactionnelle : comment prévenir les crises d'angoisse ?

Afin de prévenir l’anxiété réactionnelle, il est important de renforcer ses capacités à s’adapter aux évènements stressants. Pour cela, il est capital d’adopter certains gestes, tels que :

  • Profiter d’un sommeil réparateur : une bonne nuit de sommeil prédispose le sujet à bien réagir face aux stimuli auxquels il va être confronté à son réveil. Par contre, si la personne dort moins de 6 heures par jour, cela risque de la rendre plus sensible au stress. Elle sera tendue, irritable et ne sera pas en mesure de mettre en place les bonnes stratégies de coping.
  • Adopter une alimentation saine : des recherches ont révélé qu’il existe de nombreux aliments antistress comme ceux qui sont riches en vitamine B, en magnésium, en acides gras et en oméga-3.
  • Bénéficier d’un soutien social de qualité : lorsqu’une personne est bien entourée, elle est moins disposée à développer de l’anxiété réactionnelle. SaintJean-Traudel(2009) confirme le lien étroit entre l’existence d’un soutien social et le moindre risque de détresse psychologique.
  • Méditer : la pratique de la méditation a été le sujet de nombreuses études ces dernières années. Les résultats ont clairement démontré qu’elle permet à l’individu de prendre un meilleur recul par rapport aux situations qu’il vit. Elle renforce également les capacités de l’être humain à lâcher prise. Enfin, elle arme la personne et l’aide à devenir plus résiliente face aux évènements de vie.

À lire : Méditation et anxiété: une invitation au mieux-être

Comment gérer l'anxiété réactionnelle au quotidien ?

Lorsque la personne souffre d’anxiété réactionnelle, l’idéal serait bien sûr de rapidement consulter un professionnel. Mais parallèlement à ce que le médecin va prescrire comme médication ou à la thérapie suivie, il existe des moyens que le sujet peut utiliser pour s’auto-soulager. Certaines pratiques lui éviteront ainsi d’être envahi par l’angoisse :

  • La relaxation : elle s’intègre dans le cadre des médecines douces et ses effets sur l’anxiété sont incontestables. Il existe actuellement un nombre faramineux de techniques de relaxation qu’une personne souffrant d’anxiété réactionnelle peut adopter. Parmi ces dernières, nous pouvons citer le training autogène de Schultz et les exercices de sophrologie.
  • Le sport : le rôle de l’exercice sportif dans la réduction de l’anxiété n’est plus à démontrer. Il agit sur le cortisol, l’hormone du stress, pour le réduire et il produit un effet euphorisant grâce à la libération des endorphines. Il est recommandé de faire 20 à 30 minutes par jour d’activités physiques pour prévenir et mieux gérer l’anxiété.

Conclusion

L’anxiété réactionnelle apparaît face à un événement stressant bien défini. Malgré cette cause environnementale, elle apparaît surtout chez les sujets qui sont peu tolérants au stress de par leur personnalité (type A, évitante, dépendante…). Sa prévention via une bonne hygiène de vie et la médiation est importante vu ses conséquences sur la vie sociale et professionnelle du sujet. Une fois diagnostiqué, ce trouble peut être traité via la psychothérapie cognitivo-comportementale qui sera associée à un traitement médicamenteux en cas de besoin. La personne pourra aussi gérer son mal-être grâce à la relaxation et à la pratique sportive.

Anxiété réactionnelle : comprendre et traiter ce trouble émotionnel
Les auteurs de cet article :
Inès Mouldi
Inès Mouldi, Psychologue Clinicienne
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