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Anxiété relationnelle : détecter ses prémices et la traiter

6 avril 2023
Rédigé par Inès Mouldi

Anxiété relationnelle : comment la reconnaître et la surmonter

Si l’anxiété relationnelle n’est pas une notion qu’on retrouve dans les manuels de diagnostic de psychiatrie, il s’agit pourtant d’un concept qui se rattache à diverses théories psychologiques, dont celle de l’attachement. Ce type d’angoisse est d’ailleurs loin d’être rare. Dès les prémisses d’une relation amoureuse, tout le monde est en proie au doute. Cela peut même participer au charme des débuts. Mais quand le stress et les inquiétudes sont étouffants et constants, ils deviennent lourds à supporter pour les deux partenaires. Heureusement, des solutions existent pour prévenir et dépasser cela.

Qu'est-ce que l'anxiété relationnelle et comment se manifeste-t-elle ?

L’anxiété affective ou relationnelle regroupe ces émotions négatives généralement ressenties dans le cadre des relations amoureuses. La personne va être constamment envahie par l’angoisse d’être abandonnée. Elle ressentira alors des peurs et des inquiétudes qui vont conditionner son comportement et compliquer sa vie de couple. Parmi les manifestations qu’il est fréquent d’observer, il y a :

  • La peur d’être rejetée : elle est généralement soustendue par une faible estime de soi.
  • Une dépendance affective ou au contraire un évitement : il s’agit de deux mécanismes antagonistes, mais qui servent tous les deux le même objectif. Ce dernier n’est autre que celui de se prémunir et se défendre face à la peur de l’abandon.
  • Une grande méfiance : elle peut être telle qu’elle prend une place centrale dans la dynamique du couple et empêche, donc, ce dernier de s’épanouir.
  • Un besoin de contrôle : la seule véritable réassurance face à l’angoisse sera de chercher des preuves matérielles qui attestent de la fidélité et de l’amour du partenaire. Le sujet soumettra alors ce dernier à un harcèlement continu et à des questionnaires répétitifs. Il n’est d’ailleurs pas rare qu’il l’espionne.
  • Des troubles du sommeil : à force de tergiverser, de douter et d’imaginer le pire, l’individu devient de plus en plus tendu et en perd la capacité à s’abandonner aux bras de Morphée. S’en suivent alors des troubles de l’endormissement et des insomnies à répétition qui impacteront probablement son humeur au réveil.
  • Des troubles de la libido : l’envahissement de la pensée par les idées négatives et par l’angoisse, rend la personne moins ouverte aux ébats sexuels. De plus, le niveau de cortisol, spécialement élevé à cause de l’anxiété, va obligatoirement mettre la libido en berne (Kennedy et ses collaborateurs, 1999).
Anxiété relationnelle : détecter ses prémices et la traiter

Causes de l'anxiété relationnelle : comprendre pour mieux traiter

Les facteurs étiologiques de l’anxiété relationnelle sont très variés. Ils peuvent remonter à la petite enfance ou être plus récents. Parmi les causes de cette angoisse, nous pouvons citer :

  • Le type d’attachement : grâce à la théorie développée par Bowlby et Ainsworth, nous avons découvert 4 styles d’attachement. Il s’agit à chaque fois d’un modèle interne opérant (MIO) qui va guider nos relations avec les autres. Ce schéma relationnel est calqué sur les expériences interactionnelles précoces (Dugravier et BarbeyMintz, 2015). S’il y a bien un attachement sécure, il y en a aussi qui sont insécures, comme le type anxieux-évitant ou le style anxieux-ambivalent. Ce sont ces deux derniers qui constituent un terrain fertile à l’éclosion de l’anxiété relationnelle.
  • Le trouble de la personnalité dépendante : selon le DSM V, parmi les symptômes de ce trouble de la personnalité, il y a les difficultés à assumer les responsabilités et à prendre des décisions. Il y a également le besoin d’obtenir de l’attention des personnes de l’entourage et de ne jamais les décevoir. Mais ce qui nous intéresse le plus aujourd’hui, c’est surtout la nécessité pour ces sujets d’être constamment rassurés dans leurs relations amoureuses. Zimmermann (2021) insiste sur l’importance de l’anxiété relationnelle que provoque ce trouble.
  • De mauvaises expériences passées : si les deux premières causes sont inhérentes au fonctionnement du sujet qui se construit durant les premières années de la vie, celleci est plus actuelle. Ici, ce sont les infidélités et les trahisons vécues dans les précédentes relations, et qui peuvent parfois s’élever au rang de trauma, qui vont rendre la personne plus vigilante et angoissée.
  • Souci de confiance dans le couple actuel : il est tout à fait possible que la relation actuelle et les comportements du partenaire soient à la base de l’anxiété affective. Une communication défaillante, de la négligence ou la trahison justifieraient alors les manifestations anxieuses.

Anxiété sociale vs Anxiété relationnelle : comment les différencier ?

Bien que linguistiquement ces deux types d’anxiété peuvent sembler similaires, il n’en est rien. La phobie sociale pourrait générer une anxiété relationnelle, mais l’inverse est très rarement possible.

  • L’anxiété sociale est définie par l’Association Américaine de Psychiatrie comme la peur d’être évalué négativement, jugé ou rejeté. Elle se manifeste dans diverses situations sociales et surtout celle où la personne se sent observée. Elle n’apparaît donc pas uniquement en lien les relations amoureuses.
  • Parmi les symptômes de celui qui présente une anxiété sociale, nous retrouvons beaucoup de manifestations physiologiques comme les palpitations et les tremblements. Ceci est très rarement le cas lorsqu’une personne souffre d’une anxiété relationnelle.
  • Dans l’anxiété sociale, qui compte parmi les troubles anxieux du DSM V contrairement à l’anxiété relationnelle, la peur que l’on remarque les symptômes anxieux susmentionnés est un critère clé du diagnostic.

À lire : L'anxiété sociale : définition, causes et traitements

Comment prévenir l'anxiété relationnelle ?

L’anxiété aux débuts de la relation a beau être normale, il est important d’y être vigilant. En effet, il ne faut pas la laisser évoluer vers un véritable trouble qui va gâcher le quotidien de la personne et son bien-être physique et mental. Elle risque également de signer la fin de la relation actuelle puisque le sujet va être tellement focalisé sur ses peurs qu’il ne prendra plus le temps de s’intéresser à son partenaire. Face à une telle attitude, ce dernier risque de rompre et de placer ainsi réellement son ex face à sa plus grande angoisse. Voici quelques conseils pratiques pour éviter tout cela :

  • La communication : clé de toute relation saine, la communication doit suivre certaines règles pour être apaisée et fructueuse. En effet, exprimer ses sentiments et ses angoisses est primordial pour la survie d’un couple. Cependant, si cela se fait dans le reproche, l’échange risque de dégénérer vers un conflit. Il est donc important de suivre la méthode nonviolente préconisée par Marshal Rosenberg. Sa technique consiste à parler sans juger et sans culpabiliser l’autre. Il faut savoir que le principe fondateur de la CNV, c’est de remplacer chaque critique par une observation objective.
  • Carpe diem : le souci avec les personnes qui souffrent d’anxiété, c’est qu’elles sont rarement ancrées dans le présent. Soit, elles vont ressasser le passé, soit elles vont se projeter dans des scénarios futurs pessimistes et angoissants. Or, vivre au jour le jour en ne focalisant son attention que sur les faits réels, est l’une des clés qui évitent aux peurs de s’installer et de prendre du terrain dans la vie psychique.
  • Travailler sur la confiance en soi : l’estime de soi se construit au fil des expériences. Mais si ces dernières ont rendu l’image de soi fragile, il est tout à fait possible d’y remédier. Il existe pour cela différentes techniques comme le fait de lister ses qualités et ses difficultés et de se mettre des objectifs pour agir dessus. Sortir de sa zone de confort en définissant des buts de plus en plus difficiles, permet également de renforcer les ressources personnelles et d’augmenter la valeur que la personne s’attribue.
  • Faire des activités en solitaire : très souvent, les couples partagent la majorité de leurs activités. Cela accentue la dépendance et éveille la peur du détachement. Pour éviter que ça arrive, il est essentiel de garder une certaine autonomie, de réaliser en solo certaines tâches ou de prendre du temps pour soi.

Traitement de l'anxiété relationnelle : quelles sont les options ?

Si l’anxiété relationnelle s’est installée dans la psyché de la personne et au cœur de son couple, il est alors grand temps de prendre les mesures nécessaires pour l’éradiquer. Parmi les options qui s’offrent à la personne en souffrance, il y a :

  • Les psychothérapies
  • Les techniques de relaxation
  • Les traitements médicamenteux.

En savoir plus : Médicaments contre l’anxiété : tout ce qu’il faut savoir

Thérapies recommandées pour l'anxiété relationnelle

De nombreuses options psychothérapeutiques s’offrent à la personne ou au couple qui subit l’anxiété relationnelle. Chacune des alternatives a, bien évidemment, des avantages et des inconvénients qui lui sont propres.

  • La thérapie cognitivocomportementale (TCC) : c’est indéniablement la thérapie de choix face à l’anxiété. Elle va servir à désapprendre cette dernière en aidant la personne à revoir et à corriger ses pensées automatiques et ses idées erronées. Il est difficile de trouver des défauts à cette approche, mais nous pouvons mentionner le fait qu’elle ne conviendra peutêtre pas aux individus qui aiment l’introspection. En effet, dans le cadre de la TCC, toute l’attention est focalisée sur l’ici et le maintenant.
  • La psychanalyse : Fonagy et ses collaborateurs, cités par Miljkovitch et Cohin (2007), affirment que les personnes présentant un style d’attachement insécure ont montré une amélioration significative de leur état suite à des séances de psychanalyse. Cependant, il est important de noter que la thérapie analytique est généralement assez longue. Ceci a souvent pour conséquence son abandon au cours de la cure.
  • La thérapie de couple d’approche systémique : elle est surtout recommandée quand l’anxiété relationnelle est causée par un souci inhérent au couple actuel et non à une problématique qui remonte à l’enfance. Elle n’est donc pas recommandée si la personne traîne d’anciens fardeaux puisque ces derniers ne seront pas traités. Le thérapeute va plutôt agir sur les échanges et il élaborera, avec la collaboration des deux partenaires, des solutions permettant de retrouver l’harmonie dans la relation.

Autres options de traitement pour l'anxiété relationnelle

Si la thérapie est la meilleure alternative pour venir à bout de l’anxiété relationnelle, d’autres options peuvent être envisagées, seules ou en complément de cette dernière.

  • Les médicaments : si le niveau de l’anxiété relationnelle entraîne une symptomatologie gênante pour le patient, le psychiatre peut recommander un traitement chimique. Cependant, cela reste généralement rare. Il pourra alors envisager la prescription de remèdes couramment prescrits pour les troubles anxieux, tels que les benzodiazépines et les autres anxiolytiques ou certains antidépresseurs.
  • Les techniques de relaxation : parmi les méthodes que la personne peut envisager, il y a l’autohypnose, le coloriage, la respiration diaphragmatique. Des séances de sophromassage peuvent également être très libératrices pour la personne que l’anxiété étouffe.

Conclusion

Qu’elle ait des origines infantiles ou plus actuelles, l’anxiété relationnelle peut prendre une ampleur très importante dans le quotidien de la personne et détruire sa vie de couple. Reliée le plus souvent à un style d’attachement insécure, elle peut être évitée par la communication non-violente et par le renforcement de l’estime de soi. Si elle s’installe malgré la mise en place de stratégies de prévention, le sujet peut envisager de se prendre en charge seul en adoptant certaines techniques de relaxation. Mais s’il est envahi par l’angoisse, l’idéal serait de consulter un psychothérapeute afin de suivre une TCC, une psychanalyse ou une thérapie de couple. Par ailleurs, il faut noter que le professionnel de la santé mentale pourrait prescrire certains médicaments s’il pense que le cas le nécessite.

Anxiété relationnelle : détecter ses prémices et la traiter
Les auteurs de cet article :
Inès Mouldi
Inès Mouldi, Psychologue Clinicienne
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