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L’hypnose pour traiter l’anxiété : comment?

07 Avr 2022
Vérifié par
Rédigé par
Virginie Mathieu

Qu’est-ce que l’hypnose au juste ? Quelles sont les variantes permettant d’accéder à l’inconscient ? Peut-elle être envisagée pour traiter l’anxiété ? Retour sur cette pratique thérapeutique fascinante dont les débuts remontent à plusieurs siècles. 

C’est une pratique à la mode, notamment dans le monde du développement personnel. Pour le grand public, elle est associée aux spectacles de magie, mettant en scène des personnes dans un état second, manipulées pour distraire le public et sortant de leur transe en un simple claquement de doigts. Elle est également fantasmée comme moyen magique de venir à bout de certaines mauvaises habitudes comme le tabagisme ou les sucreries. Il s’agit de l’hypnose.

Qu’est-ce que l’hypnose ?

Le mot hypnose vient du grec ancien ὕπνος, húpnos, « sommeil ». Franz Anton Mesmer, médecin allemand, fut le premier à tenter d’expliquer le phénomène hypnotique en 1773. Sa théorie du « magnétisme animal », à l’époque appelée « mesmérisme », est considérée comme le précurseur de l’hypnose moderne. Malgré le refus de l’Académie des sciences de Paris de la reconnaître, elle sera utilisée par plusieurs chirurgiens tels que James Esdaile et James Braid comme alternative aux analgésiques ou même aux anesthésiques. Ce n’est qu’en 1891 qu’elle sera recommandée par les experts de la British Medical Association dans le cadre du traitement de la douleur, des troubles du sommeil et des symptômes fonctionnels (fatigue, maux de tête, troubles intestinaux, etc.).

L’hypnose est un état modifié de conscience, se situant entre la veille et le sommeil, permettant de revenir sur des sensations, des sentiments ou des expériences et de modifier la façon dont le patient les perçoit.

Guidé par la parole de l’hypnothérapeute vers cet état de conscience décalée, le patient pourra ignorer le monde extérieur et se montrer plus réceptif aux suggestions. Cet état dit « hypnotique » apparaît au bout de 10 à 15 minutes environ, moment où le patient commence à revisiter la réalité et à percevoir les choses de manière différente. Il peut notamment prendre de la distance par rapport à une souffrance ou un évènement traumatisant. L’hypnose permet également de prendre conscience de certains comportements et de modifier ses dispositions pour adopter une attitude nouvelle. 

Concrètement, l’hypnose agit sur certaines régions du cerveau dans et autour du cortex cérébral. Ces structures sont également impliquées dans la sensation de douleur et dans le mécanisme du stress post-traumatique. Pour travailler sur cet état de conscience modifié, il existe plusieurs approches. 

L’hypnose « classique »

L’hypnose classique est la forme la plus ancienne de cette pratique. Lors d’une séance, l’hypnothérapeute s’adresse au patient pour lui faire des suggestions dirigées afin de supprimer un symptôme ou changer son comportement. Avec l’hypnose classique, le patient reste passif et écoute les indications du thérapeute, ce qui lui permet de se concentrer sur la visualisation. Cette approche nécessite un certain lâcher-prise pour permettre au thérapeute de dicter en douceur les solutions préconisées suite à l’étude de son patient. 

L’hypnose Ericksonienne

Contrairement à l’hypnose classique, l’hypnose Ericksonienne met le patient au centre des changements. C’est la forme d’hypnose la plus pratiquée aujourd’hui. En début de consultation, le praticien et le patient échangent autour d’un objectif à atteindre. Une fois le patient mis en état modifié de conscience, il est invité à trouver en lui-même les ressources qui l’aideront à changer. Le praticien intervient en tant que guide uniquement pendant que le patient expérimente un voyage sans stress, le mettant dans les meilleures dispositions pour accepter les solutions à son problème. 

Cette hypnose a été créée par le psychiatre américain Milton H.Erickson dans le cadre d’une action sur l’angoisse et les dépendances. 

L’hypnose peut-elle traiter l’anxiété ?

Comment l’hypnose aide-t-elle contre les troubles anxieux ?

Grâce à l’hypnose, le patient entre en état de conscience modifiée, ce qui permet au thérapeute de travailler sur les angoisses et de favoriser une meilleure gestion des phobies, des peurs et de l’anxiété. L’hypnose permet au patient de se relaxer, de lâcher prise et d’aborder ses peurs de façon différente. Elle permettrait également d’encourager des réactions différentes face aux difficultés et de déprogrammer certaines craintes. Avec cette approche, c’est au patient de reprendre le contrôle, ce qui l’aide à anticiper certains événements plus sereinement.  

Combien de séances seront nécessaires ?

L’expérience hypnotique d’une personne dépend de sa personnalité, du contexte, de la méthode employée, des suggestions qui lui sont faites, de la profondeur de l’état hypnotique et d’autres paramètres.

L’hypnose est un état modifié de conscience différent de celui produit par la relaxation ou la méditation. Elle nécessite une certaine coopération du patient et un laisser-aller permettant d’accéder à l’inconscient. 

Le nombre de séances et le temps passé sur chaque problématique sont différents selon les individus. Par ailleurs, chaque hypnothérapeute a une expérience de vie propre et peut donc aider le patient de manière différente, en faisant appel à différentes émotions. Pour déterminer un nombre de séances nécessaires, un premier diagnostic est nécessaire avec une réévaluation possible au cours de la thérapie. 

Déroulement d’une séance d’hypnose

Une séance d’hypnose dure généralement entre 20 et 45 minutes. À l’occasion de la première séance, le praticien et le patient discutent des objectifs du traitement et établissent une relation de confiance nécessaire au bon déroulement des soins. L’hypnothérapeute explique les principes et le déroulement de l’hypnose. Trois phases d’approche se présentent :

  • L’induction d’un état modifié de conscience. Le thérapeute se sert de sa voix pour guider le patient et fait appel à ses perceptions sensorielles pour favoriser la réceptivité. Des exercices de respiration peuvent être proposés pour se détendre. 
  • Le travail hypnotique. Le praticien fait des suggestions et active l’imaginaire du patient. Les thèmes abordés tournent principalement autour des comportements que le patient souhaite modifier. Chaque séance est adaptée et les échanges varient en fonction de la façon dont le patient réagit. Le but du thérapeute est d’obtenir un changement persistant et définitif. 
  • Le retour à l’état de conscience critique. Le patient est doucement invité à revenir au présent et à ramener les fruits du travail effectué avec lui pour une application au quotidien.

Quelles sont les mises en garde ?

Il n’existe pas de contre-indication connue à la pratique de l’hypnose pour un patient équilibré, même sujet à de l’anxiété. Le patient parviendra toujours à se « réveiller » puisqu’il est toujours conscient. Par ailleurs, si l’état hypnotique n’est pas entretenu, il s’évapore de lui-même. 

Cependant, l’hypnose n’est pas conseillée pour traiter les troubles de la personnalité, tels que la schizophrénie ou les troubles psychotiques. De manière générale, il convient d’éviter l’hypnose pour toutes les pathologies psychiatriques. Si le patient est extrêmement angoissé à l’idée de recourir à l’hypnose, il vaudra mieux privilégier d’autres types de thérapies. 

L’hypnose est donc un formidable outil avec de bons résultats pour traiter certains troubles de l’anxiété. Elle peut aider le patient à voir ses difficultés sous un angle différent et aborder certaines expériences plus sereinement. Consultez d’autres méthodes comme la sophrologie ou l’acupuncture.

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Dernière révision le 28 octobre 2024
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