Quelle est la limite entre les petites peurs irrationnelles et les véritables phobies ? Tout le monde a des réactions plus ou moins conditionnées face à certaines situations. Par exemple, avant de monter dans un ascenseur exigu qui grince, certains pourraient hésiter et finalement emprunter les escaliers. Au moment de croiser un chien, certaines personnes pourraient se crisper si elles ne sont pas tout à fait à l’aise avec les animaux. Si une guêpe tourne autour de la table et finit par se poser dans une assiette… combien ont le réflexe de se lever brusquement pour s’éloigner ? Mais, lorsque ce stress intense prend une place grandissante au point d’angoisser à l’avance et d’élaborer des techniques pour éviter ces situations à tout prix, il est temps de s’interroger. Comment déterminer s’il s’agit d’une simple difficulté à s’adapter ou d’une véritable phobie ? Quelles sont les causes et les symptômes de ce mal-être handicapant au quotidien ? Voici les informations à retenir.
Description de la phobie
La phobie fait partie des troubles anxieux. On estime que 9 % de la population est touchée et les femmes 2 fois plus que les hommes. La phobie peut être définie comme une peur irraisonnée, excessive et persistante. L’origine de la phobie peut se trouver dans un traumatisme effectivement vécu, ou dans un évènement fantasmé, imaginé. La personne en souffrance peut également développer une phobie après avoir été témoin de situations perturbantes.
On peut classer la phobie en 3 grandes catégories :
- La phobie simple, qui regroupe plusieurs terreurs de la vie quotidienne. La peur de certains animaux, d’insectes, d’objets particuliers comme des boutons, des téléphones, des ponts, des tempêtes, etc. D’autres peurs sont bien connues, comme celle de vomir. On y inclut la peur du vide, et la phobie du sang ou des blessures. L’individu ressentira une peur panique des injections, des prises de sang, et peut angoisser à la vue du sang ou à l’idée même de consulter un médecin, un dentiste ou de devoir aller à l’hôpital.
- La phobie sociale, en lien avec l’anxiété sociale. La personne atteinte de phobie sociale aura une vive montée d’anxiété en présence d’une foule. Des expériences comme marcher dans une rue bondée, faire la queue devant un magasin, aller au restaurant, à des réunions ou des spectacles deviendront une véritable source de stress. C’est la phobie la plus répandue.
- L’agoraphobie, qui correspond à la peur de sortir de sa zone de sécurité. Cette zone peut être différente pour chaque individu : une pièce, une habitation, un quartier ou un cercle géographique restreint au-delà duquel la personne souffrant d’agoraphobie ressentira une nervosité extrême.
Les causes de la phobie
Jusqu’à présent, il n’a pas été démontré que la phobie avait des facteurs génétiques. Cependant, l’environnement social et familial peut jouer un rôle important. Si un des deux parents est atteint de phobie, l’enfant peut devenir vulnérable et développer des pathologies similaires. Par exemple, une phobie peut survenir après avoir été témoin d’une humiliation ou de violences, y compris dirigées vers d’autres personnes. Elle peut également surgir après avoir vu quelqu’un se faire mordre par un chien ou piquer par un insecte.
Les phobies sont un passage naturel du développement de l’enfant. Il aura des peurs minimes, parfois irrationnelles, comme la peur de l’obscurité, des orages, etc. Mais cette angoisse doit disparaître avec les années. Les phobies peuvent toutefois persister et devenir handicapantes dans la vie quotidienne.
Les attaques de panique peuvent se transformer en phobies. Dans tous les cas, la personne atteinte de ce trouble fera tout son possible pour éviter les situations qui lui causent de l’anxiété.
Quels sont les symptômes de la phobie ?
La personne phobique développe de l’anxiété lorsqu’elle est confrontée à l’objet de ses peurs ou lorsqu’elle anticipe de devoir y faire face. Elle ressent rapidement les symptômes suivants :
- Accélération du rythme cardiaque, palpitations ;
- tremblements ;
- transpiration soudaine et abondante ;
- contractions musculaires accompagnées de douleurs ;
- maux de ventre ;
- diarrhée ou gêne intestinale ;
- confusion, étourdissements
- perte de sommeil qui engendre fatigue et irritabilité
Ces symptômes sont caractéristiques d’un véritable mal-être et il ne faut pas attendre d’être submergé avant de demander de l’aide.
Quand consulter : établir un diagnostic
Les premières questions à se poser
Certaines appréhensions peuvent être normales, et c’est une réaction naturelle qui nous protège du danger. Cependant, si ces peurs prennent de plus en plus de place et déclenchent des crises de panique ou d’anxiété, il est judicieux de faire la démarche de consulter.
Une personne atteinte de phobie a des réactions disproportionnées, irrationnelles face à ce qu’elle perçoit comme un danger. Si la personne restreint ses activités ou ses déplacements au quotidien pour éviter certaines situations ou objets, il convient de prendre rendez-vous avec un professionnel de santé.
Les signes qui doivent alerter
Si la personne renonce à aller à la campagne par peur des insectes, si elle emprunte systématiquement les escaliers pour éviter l’ascenseur, il convient de s’interroger. Autre exemple, en cas d’attaques de panique au contact d’une foule, ou de forte anxiété à l’idée même de devoir sortir de chez soi, ces signes doivent alerter.
De même, si un réflexe de recourir aux médicaments s’installe alors qu’ils n’ont pas été prescrits, ou en cas de recours à la drogue ou à l’alcool pour faire face à certaines situations, un médecin pourra faire un examen complet et proposer des solutions à mettre en place pour réduire ou traiter les angoisses. Les peurs ne doivent pas prendre le pas sur la vie quotidienne.
Personnes à risque
Un mal héréditaire ?
Il a été constaté que même si un facteur génétique n’avait pas été formellement établi, certains enfants peuvent développer des pathologies semblables à leurs parents. Il semble donc que l’environnement affectif et l’éducation jouent un rôle crucial dans ce trouble.
Des traumatismes à l’origine de ce mal-être
Les phobies peuvent se développer suite à un événement traumatisant ou un stress extrême.
Traitements
Plusieurs angles de traitements sont possibles pour réduire l’impact des phobies sur votre vie quotidienne :
- La thérapie cognitive et comportementale, qui va aider le patient à comprendre l’origine de ses angoisses, et accompagner en sécurité le patient et l’aider à faire face aux situations qui lui posent un problème.
- Traitement par antidépresseurs et anxiolytique
- Le patient peut être invité à en parler autour de lui, ou lors de sessions de groupe, afin de l’aider à s’ouvrir et à partager son fardeau.
À lire également : L’anxiété généralisée ou les troubles paniques.