Touchant plus de 10 millions de Français, la spasmophilie se manifeste par une crise qui peut être spectaculaire. En général, celui qui l’expérimente se trouve submergé par un ensemble de symptômes physiques et émotionnels intenses. La compréhension de cette affection et des méthodes pour la gérer efficacement sont d’une importance capitale afin d’améliorer la qualité de vie des personnes qui en souffre.
Qu’est-ce que la spasmophilie ?
Malgré le fait qu’elle ait été identifiée depuis le 19ème siècle par le médecin de Napoléon III, Lucien Corvisart, il est surprenant de remarquer que la spasmophilie n’est actuellement reconnue dans aucune classification médicale internationale.
D’après Veyret Arnaud (1993), cette pathologie fonctionnelle populaire dans les médias, rencontre encore la réticence du corps médical à la reconnaître comme réelle entité clinique à part entière. Ceci explique probablement pourquoi il est courant que ce diagnostic soit utilisé de manière interchangeable avec ceux de la tétanie, de la crise d’angoisse et de l’hyperventilation.
Aujourd’hui, il est commun de considérer que les crises de spasmophilie s’inscrivent dans le cadre des troubles anxieux. Elles sont donc classées comme une affection psychosomatique. Mais il est capital de noter que les manifestations peuvent aussi apparaître chez un sujet ayant un trouble métabolique, tel qu’une carence en magnésium ou en calcium.
Comment reconnaître une crise de spasmophilie ?
Pour Hioco (1981) et la majorité des experts dans cette affection, les éléments majeurs constatés chez les patients, ce sont l’hyperventilation et les spasmes qui traduisent une hyperexcitabilité neuromusculaire. Ces derniers expliquent le nom attribué à ce trouble fonctionnel. Cependant, nous observons également d’autres manifestations de type somatique et psychique. La crise se résout généralement progressivement, et ce, en quelques minutes. Dans de rares cas, elle peut durer une heure entière.
Les manifestations physiques lors d’une crise
Les spasmophiles affichent généralement un ou plusieurs des symptômes suivants :
- Une accélération de la respiration entraînement une sensation d’étouffement
- De nombreux spasmes et contractions musculaires, les plus spectaculaires et fréquents sont la main de l’accoucheur et le signe de Chvostek
- Une tétanie
- Une forte asthénie ressentie dès le réveil
- De la tachycardie et des palpitations
- Des troubles dans la sphère digestive.
Les réactions émotionnelles pendant une crise
Face aux signes physiques de la spasmophilie, de nombreuses manifestations émotionnelles apparaissent :
- Une grande anxiété qui peut être à la fois la cause et la conséquence de la crise
- La peur d’une mort imminente
- La crainte de perdre le contrôle
- Une agitation ou à l’inverse une inhibition psychomotrice
- Des troubles du sommeil.
Les facteurs déclencheurs d’une crise de spasmophilie
Les nombreuses études sur la spasmophilie attestent de l’hypersensibilité des personnes qui en sont atteints. Le genre et l’âge ont aussi leur importance. En effet, les manifestations se retrouvent plus chez les jeunes et chez les femmes. D’ailleurs, il est intéressant de noter que ces dernières sont plus susceptibles d’afficher la symptomatologie lorsqu’elles vivent des chamboulements hormonaux tels que l’adolescence, la grossesse ou la ménopause.
Les facteurs étiologiques peuvent également être métaboliques, comme nous l’avons souligné en début d’article. Cependant, il est plus commun qu’ils soient d’ordre psychique.
Le stress et l’anxiété comme facteurs prédisposants
De nombreux chercheurs se sont intéressés au terrain génétique et ont découvert que les crises apparaissent chez les sujets qui ont des antécédents famillaux de troubles anxieux. Il a par ailleurs été rapporté par certaines recherches, dont celle de François et Renaud (1989), que 80 % des spasmophiles souffrent d’anxiété.
Au niveau physiologique, le stress et les angoisses vont provoquer une forte sécrétion de cortisol et d’adrénaline qui aura pour conséquence une accélération du rythme cardiaque et de la respiration. Cette hyperventilation va générer une diminution du CO2 sanguin qui va entraîner, à son tour, l’augmentation du taux de calcium. Ce dernier sera responsable de la tétanie, des spasmes et des contractions musculaires.
L’importance de l’environnement dans la survenue d’une crise
Le terrain anxieux doit normalement être combiné à des éléments déstabilisants dans l’environnement du sujet pour provoquer une crise de spasmophilie.
Ainsi, des bouleversements familiaux, des conflits conjugaux, un deuil ou un déménagement peuvent compter parmi les causes de l’apparition des symptômes.
La privation chronique de sommeil, due à des préoccupations incessantes ou à des nuisances sonores dans le voisinage, peut également être une des raisons de l’émergence du trouble.
Les techniques pour gérer une crise de spasmophilie efficacement
Pour dépasser les crises de spasmophilie, il est important d’apprendre à en contrôler les symptômes. Cela passe par une bonne maîtrise des techniques de relaxation, mais également par un renforcement des ressources mentales dans le but de mieux gérer le stress au quotidien.
La respiration contrôlée comme outil principal
Lors d’une crise de spasmophilie, le sujet souffre d’hyperventilation. La solution idéale pour arrêter cela, c’est de s’hypoventiler.
Pour induire une réduction de la fréquence respiratoire, il est préconisé de procéder à une série de respirations profondes, en alternant entre des inspirations diaphragmatiques, un petit arrêt de quelques secondes, puis une expiration lente et complète. Il est généralement conseillé d’utiliser ses mains ou un sac en plastique. Il faut alors les placer contre la bouche et le nez, ce qui va augmenter le taux de dioxyde de carbone dans l’air inhalé et compenser ainsi les effets indésirables de l’hyperventilation (Ecart-Duplessy, 2020).
L’utilisation de cette technique de respiration contrôlée exige une certaine maîtrise. Il est d’ailleurs recommandé de s’y familiariser en l’intégrant dans la routine quotidienne et en l’effectuant idéalement chaque soir, juste avant le moment de s’endormir. Cela rééquilibre le système nerveux, apaise l’individu et améliore la qualité de son sommeil.
La relaxation musculaire pour diminuer les symptômes
La relaxation des muscles peut se faire via divers procédés qui libèrent le spasmophile de ses angoisses et de ses tensions.
- Les massages myorelaxants : pour qu’ils soulagent intensément la personne, il est préférable de les réaliser avec des huiles essentielles apaisantes telles que la lavande, diluées dans une huile de support comme l’huile d’amande douce. Les mouvements de massage doivent être doux et lents et se concentrer sur les zones du corps les plus sujettes aux spasmes, telles que les épaules, les bras, les mains, et même le visage. Il est recommandé de profiter de ces modelages régulièrement pour maximiser leurs bienfaits.
- La relaxation musculaire progressive de Jacobson : cette technique, très populaire en Amérique du Nord, a démontré son efficacité sur de nombreuses pathologies anxieuses. Indiquée en cas de spasmophilie, elle aide le sujet à avoir un contrôle total sur ses muscles et sur leur état de tension, et ce, au fur et à mesure des séances (Guiose, 2007). La méthode consiste à repérer les groupes musculaires les plus tendus afin d’exercer dessus des contractions et des décontractions entraînant un profond relâchement et un bien-être physique que psychique.
La gestion du stress au quotidien pour prévenir les crises
Pour s’éviter des crises de spasmophilie, il est capital de se prémunir contre le stress et d’apprendre à le gérer convenablement. Pour cela, il faut un mode de vie sain et il est important en plus de s’accorder des moments de plaisir. Parmi les comportements à recommander, il y a :
- L’activité sportive régulière : elle libère les endorphines et les hormones du bonheur qui contrebalanceront les effets du stress.
- Le sommeil reposant : il réduit les tensions musculaires et l’irritabilité et permet de commencer sa journée de bonne humeur, tout en étant parfaitement disposé à faire face aux événements anxiogènes.
- Une alimentation équilibrée et riche en magnésium : il faut privilégier des aliments qui contiennent le magnésium, ce minéral essentiel pour le bon fonctionnement des muscles et du système nerveux et diminuent le risque de crises. Parmi ces derniers, il y a comme le chocolat noir, les fruits secs, les céréales et les fruits de mer.
- Éviter l’alcool et les drogues : les substances excitantes favorisent l’émergence des angoisses. Il est préférable de les remplacer par les thés et les tisanes apaisantes.
- Méditer : prendre du recul par rapport à ses croyances et à ses ressentis amplifie la capacité du sujet à s’adapter au stress.
- Se divertir : sortir, regarder un film, faire du coloriage pour adulte ou tout simplement lire un livre sont tant d’activité qui stimulent le circuit du plaisir et détournent la personne de ses préoccupations.

Quand faut-il consulter un professionnel en cas de spasmophilie ?
Si la crise de spasmophilie n’est pas isolée, il est important de consulter. Il est également capital de s’orienter vers un médecin lorsque les symptômes se déclenchent sans raisons apparentes.
Le rôle du médecin dans le suivi et la prise en charge de la spasmophilie
Lorsqu’une personne prend rendez-vous chez son médecin traitant et lui décrit une crise de spasmophilie, ce dernier va d’abord procéder par élimination pour s’assurer que le patient ne présente pas un trouble métabolique qui expliquerait les symptômes. Il vérifiera aussi, très aisément d’ailleurs, qu’il n’est pas en présence d’un individu souffrant d’une épilepsie ou d’un asthme.
Par la suite, en l’absence de cause somatique, il déterminera l’affection psychique dont le sujet souffre. Dans la plupart des cas, il s’agira d’une anxiété généralisée, d’un trouble panique ou d’une phobie.
Par la suite, il lui indiquera le médicament adéquat, si un traitement chimique est jugé nécessaire. Généralement, les psychiatres prescrivent un antidépresseur. Enfin, le spécialiste de la santé mentale lui conseillera probablement de suivre une psychothérapie de type cognitivo-comportemental.
Les autres professionnels de santé pouvant apporter leur aide
En plus du médecin traitant, du psychiatre, du psychologue ou du psychothérapeute, la personne sujette aux crises de spasmophilie peut s’orienter vers un ostéopathe, un acupuncteur ou un sophrologue.
Le premier, va agir sur les muscles pour réduire le stress et plus particulièrement sur le diaphragme, afin d’améliorer sa mobilité et de favoriser une bonne respiration. Le second, va rééquilibrer les énergies de l’individu et l’aider à être plus apaisée. Quant au dernier, il l’initiera aux différentes techniques de relaxation.
Conclusion
Les crises de spasmophilie, caractérisées par l’hyperventilation et les spasmes musculaires, se résorbent généralement en quelques minutes. Cependant, ces symptômes, causés par les angoisses et aggravant l’anxiété, secouent foncièrement la personne. Les gérer efficacement implique la maîtrise de la respiration et de la relaxation musculaire ainsi que la réduction du stress et des angoisses au quotidien. Les professionnels de santé mentale ainsi que les ostéopathes, les acupuncteurs et les sophrologues, peuvent également apporter leur soutien au patient, et ce, surtout si les manifestions perturbent significativement sa qualité de vie.
