Si les troubles de l’équilibre sont généralement liés à des causes physiologiques et somatiques, les chercheurs s’intéressent désormais à la probabilité d’un lien entre les vertiges et l’anxiété. Les résultats des études semblent clairement pencher dans ce sens. Ceci justifierait certaines expressions, comme « perdre pied » ou « tomber de haut », qui sont généralement utilisées face à une situation réellement déstabilisante et qui fait naître certaines angoisses.
Les différents types de troubles de l’équilibre
Il est important de savoir que l’équilibre, qu’il soit statique ou dynamique, dépend essentiellement de quatre systèmes. Il s’agit des yeux, des muscles, des oreilles et du cerveau. Si l’un d’entre eux fonctionne anormalement, il est alors fort probable que la personne manifeste des troubles. Si nous allons essentiellement nous attarder sur les symptomatologies induites par les systèmes vestibulaire et nerveux dans cette partie de l’article, c’est en raison de leur forte prévalence dans la population générale. Il faut noter, cependant, que l’anémie, l’hypotension orthostatique, l’hypertension artérielle, et même certains médicaments peuvent être les responsables d’un tel état.
Les troubles de l’équilibre liés à l’oreille interne et au système vestibulaire
Le système vestibulaire est un organe qui est logé dans l’oreille interne. Les structures qui le composent ont une mécanique semblable à celle d’un niveau à bulle. Elles analysent et envoient des messages au cerveau pour l’informer de la position du corps dans l’espace. Ce dernier devra alors réguler sa posture de sorte à se maintenir en équilibre. Selon Lawrence R. Lustig, si ce processus est défaillant et si les informations transmises sont erronées, la personne sera alors sujette à la symptomatologie suivante :
- Des vertiges
- Un trouble de l’équilibre et de la marche
- Des nausées
- Des acouphènes et autres troubles de l’audition
- Un nystagmus (le globe oculaire se met alors à osciller de façon involontaire).
Le syndrome vestibulaire peut revêtir deux formes. Il peut être central ou périphérique. Parmi les causes possibles de telles manifestations, il y a :
- Un traumatisme crânien
- La maladie de Meunière
- Une névrite vestibulaire.
Les troubles de l’équilibre liés au système nerveux
Les perturbations neurologiques peuvent entraîner une symptomatologie comprenant une perturbation de l’équilibre, on peut alors observer :
- Une marche chancelante
- Une mauvaise coordination des mouvements
- Des tremblements perturbant les activités les plus rudimentaires
- Des vertiges et une difficulté à se maintenir dans une position stable.
Parmi les causes de cette sémiologie, il peut y avoir :
- Une sclérose en plaques (SEP)
- Une tumeur cérébrale
- Un traumatisme crânien
- Une lésion neuronale au niveau du cou…
Lien entre troubles de l’équilibre et anxiété
Si les médecins ont toujours rattaché les troubles de l’équilibre à des pathologies somatiques, dont celles que nous venons de mentionner, cela fait une quarantaine d’années que les scientifiques se penchent sur une autre hypothèse étiologique. Ces derniers multiplient les recherches pour démonter un lien entre l’anxiété et cette symptomatologie très handicapante pour celui qui l’endure. Ce qui les a poussés à amorcer de telles études, ce sont les discours des patients souffrant d’anxiété et qui relatent une impression d’étourdissement, de perte d’équilibre ou de flottement.
Les expérimentations, qu’elles soient réalisées sur des souris ou sur des humains, ont clairement montré une corrélation entre l’anxiété et le contrôle de l’équilibre. On peut citer à titre d’exemple celle d’Eve Lepicard (2001) et l’article de Vaillancourt et Bélanger (2007). D’ailleurs, Isabelle Viaud-Delmon, la directrice de recherche du pôle Espaces acoustiques et cognitifs du CNRS, affirme qu’« un trouble vestibulaire peut être lié à une constellation de symptômes anxieux, surtout ceux caractérisant le trouble panique avec agoraphobie ou acrophobie ». Selon cette dernière, ces sujets sont moins aptes que les autres à gérer les conflits sensoriels.
D’autres spécialistes suggèrent que le cortisol, l’hormone responsable du stress, impacte clairement la tension artérielle. Cela peut entraîner une hypertension qui se manifestera par des vertiges, des bourdonnements dans l’oreille et des maux de tête…
Indépendamment de l’action de l’anxiété sur la stabilité de la personne, les symptômes généralement observés sont donc :
- Des palpitations cardiaques
- De la transpiration
- Une impression d’étouffement
- Une sensation de tête qui tourne et des vertiges
- Des acouphènes
- Des paresthésies
- Des troubles de la concentration…
Comment traiter les troubles de l’équilibre ?
Quelle que soit la cause du trouble de l’équilibre, il est capital de consulter un médecin afin de le traiter. En effet, selon l’OMS, les chutes trônent sur le podium des causes de décès accidentel. La question est donc vitale. Elle est en plus essentielle pour que la personne retrouve une bonne qualité de vie. Les symptômes sont extrêmement gênants et perturbent les tâches quotidiennes des personnes qui les subissent.
Les traitements médicaux
Dès l’apparition d’un trouble de l’équilibre, il est fortement recommandé de s’adresser à un médecin généraliste, à un ORL ou à un neurologue. Ces spécialistes déposeront alors un diagnostic qui permettra à la personne de savoir si son trouble est d’ordre somatique ou psychologique. Dans tous les cas, il est important que le traitement prenne en charge les manifestations physiques. Parmi les médicaments, généralement administrés, nous retrouvons :
- Les antivertigineux
- Les psychostimulants
- Les antihistaminiques
Ce lien permet d’en savoir plus sur ces différents types de médication. Pour ce qui est de leurs effets secondaires possibles, nous pouvons citer :
- Des éruptions cutanées, de l’urticaire, des gastralgies, des céphalées, de la somnolence et de l’asthénie chez les individus qui utilisent les antivertigineux.
- Les personnes qui prennent des psychostimulants, en vue de traiter les troubles de l’équilibre, peuvent développer des affections psychiatriques ou du système nerveux central.
- La prise d’antihistaminiques peut entraîner une sécheresse buccale. Elle peut aussi s’accompagner de la somnolence, voire de sédation. Dans des cas plus rares, des troubles de la vision et des vomissements peuvent être constatés.
Il faut noter qu’en l’absence d’une amélioration de l’état de la personne, la chirurgie peut être envisagée. Cela reste, cependant, extrêmement rare et généralement réservé aux formes graves de la maladie de Ménière.
Les exercices de kiné vestibulaire
La rééducation vestibulaire doit se faire par un kinésithérapeute diplômé, qui possède un matériel adapté et spécifique. Il est donc capital de bien se renseigner avant de se diriger vers un spécialiste. Les manœuvres réalisées par ce dernier sont extrêmement délicates et si elles sont mal effectuées, elles peuvent occasionner, chez le patient, des dégâts encore plus graves que son trouble de l’équilibre. Nous présentons, ci-dessous, une petite liste de quelques exercices décrits par le service ORL de la Fondation Adolphe de Rothschild et qui sont couramment prescrits. Certains se font en cabinet, d’autres peuvent se faire à domicile après que le kiné se sera assuré de leur maîtrise par la personne :
- La stimulation optocinétique : cet exercice vise essentiellement les personnes anxieuses qui souffrent d’agoraphobie. Il les aide à mieux contrôler leur équilibre dans les situations où elles perdent leurs repères visuels, car elles se trouvent dans une foule ou au milieu de grands espaces. Les patients sont alors placés dans une pièce sombre où des points mobiles lumineux sont projetés sur un mur. Ils doivent alors apprendre à se désensibiliser face à la gêne occasionnée par ces stimuli.
- L’auto rééducation vestibulo-cervico-spinal : elle peut se faire sur le plan horizontal ou vertical. Dans le premier cas, il faut alors tourner rapidement la tête du côté gauche vers la droite puis revenir en position neutre avant de recommencer plusieurs fois le mouvement. Par la suite, il faudra changer de côté. Il est recommandé d’effectuer 10 rotations à droite et 10 autres à gauche, et ce, plusieurs fois dans la journée.
- L’exercice fauteuil-baguette : le patient doit immobiliser une baguette fine dans une position verticale puis s’installer sur un fauteuil placé juste en face de l’objet. Il devra ensuite réaliser des mouvements de tête assez lents allant de gauche à droite puis de haut en bas, tout en fixant la cible. Par la suite, il devra refaire l’exercice en retirant la baguette de son champ visuel. Il refera alors les mêmes gestes horizontaux et verticaux, une fois avec les yeux ouverts, et une autre en les fermant. Chaque variante de cette rééducation quotidienne doit se faire sur 3 minutes.
Les médecines alternatives
Reconnues par l’ordre des médecins, certaines médecines alternatives agissent efficacement aussi bien sur l’anxiété que sur les troubles de l’équilibre :
- L’acupuncture : cette pratique ancestrale d’origine chinoise utilise, comme principal outil, des aiguilles. Ces dernières vont agir sur le Yin et le Yang pour améliorer le bien-être et l’équilibre physique et mental de la personne. Angoisses et vertiges font partie des signes que cette discipline arrive à traiter.
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- L’homéopathie : pour les vertiges d’origine psychogène, l’homéopathie préconise, entre autres, l’Aconit, le Gelsemium ou l’Ignatia.
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- L’ostéopathie : les recherches comme celle de Champagne (2011) ont démontré que la prise en charge ostéopathique globale améliorait sensiblement l’anxiété généralisée chez l’adulte ainsi que les vertiges qui en découlent.
Les médecines douces proposent des traitements naturels et inoffensifs. Elles sont désormais reconnues comme des thérapies non-conventionnelles, à l’efficacité avérée. Il est donc capital de se documenter sur ces pratiques qui respectent le corps et l’esprit et qui leur confèrent un très grand bien-être.
La thérapie cognitivo-comportementale
La thérapie cognitivo-comportementale (TCC) est l’une des thérapies les plus efficaces sur les troubles anxieux. Elle est également connue pour être celle qui agit le mieux sur les affections psychiques qui induisent le plus souvent des vertiges, tels que l’agoraphobie ou les troubles panique. Parmi les principes de cette alternative thérapeutique, nous retrouvons :
- Un thérapeute actif qui guide le patient : pour cela, il aura recours à des grilles d’évaluation, il lui fournira également des conseils et l’aidera à adopter des méthodes facilitant l’autorelaxation.
- Un contrat relira le psychothérapeute au patient qui devra petit à petit se confronter aux situations stressantes et apprendre à gérer ses angoisses et leurs manifestations physiques et physiologiques.
- L’exposition et la restructuration des pensées et des croyances sont les clés de la réussite de cette thérapie.
Prévention des troubles de l’équilibre
Si les traitements médicamenteux, psychothérapeutiques ou autres peuvent s’avérer efficaces pour remédier aux troubles de l’équilibre de nature psychique, la prévention est incontestablement la meilleure des armes. Si cette dernière concerne généralement les personnes âgées, même les plus jeunes gagneraient à adopter certaines mesures prophylactiques. Parmi celles-ci, il y a le fait de :
- S’assurer d’avoir une bonne posture : les personnes qui souffrent de douleurs dorsales ont généralement une très mauvaise posture. Or, cette dernière agit sur les muscles et pourrait perturber l’équilibre à long terme. Ces individus pourront agir en amont en consultant un spécialiste qui corrigera l’alignement de leurs vertèbres. Ceci réduira le risque de développer les troubles.
- Travailler son équilibre : il existe de nombreux exercices qui stimulent et renforcent le système vestibulaire, même en dehors d’une pathologie diagnostiquée. D’ailleurs, ceux mentionnés dans la partie sur la kiné vestibulaire peuvent tout à fait faire l’affaire.
- S’initier aux techniques de relaxation : pour éviter de développer des troubles anxieux qui provoqueraient des vertiges, il est important d’adopter, au quotidien, des méthodes visant la paix intérieure. Parmi celles-ci, nous pouvons suggérer la méditation et la respiration profonde.
Conclusion
Les causes pouvant expliquer les troubles de l’équilibre sont nombreuses et l’anxiété en fait partie. Il ne faut pas oublier que même quand elle n’est pas la raison d’apparition de l’affection, elle risque quand même d’être générée par celle-ci. Dans tous les cas, pour venir à bout des vertiges et de l’anxiété, il est important de traiter les symptômes physiques en premier lieu (médication, chirurgie et/ou rééducation vestibulaire). Par la suite, il sera essentiel de prendre en charge le volet psychique. À cette fin, rien de plus efficace que la TCC et les médecines alternatives.