Les défis au travail, les soucis financiers, les problèmes de santé et les conflits conjugaux ou avec les amis sont tant d’éléments qui viennent encombrer l’esprit du sujet, le préoccuper, le stresser et affecter négativement sa qualité de vie. Pour se libérer de tous ces tracas, le mot d’ordre est parfois le lâcher prise. Cependant, cette compétence clé pour retrouver la tranquillité et le bien-être est rarement innée. Heureusement, elle s’acquiert à travers divers exercices et comportements qu’il serait judicieux d’intégrer dans sa routine quotidienne.
Qu’est-ce que le lâcher prise ?
A l’ère où le développement personnel est devenu une mode, divers concepts ont éclos ou ont gagné en popularité. Parmi ces derniers, il y a celui lâcher prise. Bien qu’historiquement assez ancien, il a surtout eu un regain d’intérêt à partir des années 1990, et ce, en grande partie grâce au livre de Guy Finley, « The secret of letting go ».
Nous rappelons aussi que le père de la psychologie moderne, William James, cité par Tanguy (2018), en parlait déjà en 1911 comme cette capacité à donner du repos au Moi. Quant à Carl Jung, il explique qu’en lâchant prise, le sujet ouvre la porte à une exploration plus profonde de son inconscient et développe une meilleure compréhension de lui-même.
Nous pensons qu’Herbert A. Otto et ses collègues (1984) ont donné une bonne explication du concept dans le leur livre « Uncomplicating your life », où ils le décrivent comme l’aptitude à abandonner la pression extérieure, à s’éloigner des relations épuisantes et du passé, à se débarrasser des schémas comportementaux défaillants et des fausses croyances… Selon eux, lâcher prise, c’est se libérer de tout ce qui empêche l’épanouissement et s’éviter des ruminations sur les aspects de la vie sur lequel la personne n’a pas de contrôle.
Enfin, nous retrouvons dans Larousse une excellente définition puisque le dictionnaire évoque un moyen de libération psychologique qui consiste à se détacher de son désir de maîtrise.
Les bénéfices du lâcher prise au quotidien
Le besoin de contrôle est très important pour l’être humain. Cela lui évite de se retrouver face au flou et l’aide à anticiper ses réactions et ce qui peut lui arriver. Ce mode de fonctionnement est clairement rassurant et apaisant. Mais à trop vouloir maîtriser l’avenir et chaque sphère de sa vie, la personne oublie de VIVRE au présent. Cela a en plus un impact sur le niveau de stress et d’anxiété, sur le bien-être mental général et sur les interactions avec autrui.
Réduction du stress et de l’anxiété
Les personnes qu’on appelle communément les control-freaks, pensent se préserver des angoisses à force d’anticipation. Pourtant, c’est l’inverse qu’on observe. Plus le sujet est dans une telle attitude, plus il se rendra compte que beaucoup de choses lui échappent et face à cela, il se sentira perdu et encore plus anxieux et stressé.
Par contre, l’accès à un état de lâcher prise va réduire considérablement l’anxiété. Cela a été mis en évidence par diverses études, dont celle réalisée par l’équipe médicale et scientifique des Thermes de Saujon en 2016. Ces derniers ont observé une diminution significative de l’anxiété et de la dépression chez 80 % des curistes qui ont réussi à abandonner le besoin de maîtrise.
Amélioration de la santé mentale
Un travail sur la capacité de lâcher prise va permettre à l’individu de prendre conscience de ses propres limites et à les accepter. Cela aide à aborder les évènements sous un nouvel angle. Il va alors agir de manière proactive lorsque c’est nécessaire, tout en acceptant sereinement ce qui est hors de son contrôle.
Par exemple, face à une catastrophe imminente, telle qu’un tsunami, il est évident que l’action immédiate est impérative et que l’état de stress est bénéfique pour agir rapidement. Cependant, dans des situations moins prévisibles, comme l’attente des résultats d’un examen, l’aptitude à lâcher prise permet de gérer l’incertitude avec résilience. Tout cela participe à réduire la charge mentale de la personne, l’aide à diminuer considérablement ses pensées négatives et lui confère un bien-être certain.
Meilleure relation avec soi-même et les autres
Maîtriser l’art du lâcher prise, c’est prendre du recul par rapport aux situations, mais également vis-à-vis de soi et à son entourage.
Le sujet devient moins intransigeant avec lui-même et gagne en confiance. Il ne s’encombre plus de la pression de vouloir contrôler jusqu’aux actes des autres et leurs idées. Cela l’aide à devenir plus tolérante et plus empathique. Une telle attitude ne peut que renforcer ses relations interpersonnelles, qui deviendront, de surcroît, plus épanouissantes.
Conseils et exercices pratiques pour apprendre à lâcher prise au quotidien
Pour sortir des griffes du stress, il est essentiel de s’initier à l’art du lâcher prise. Passant par le relâchement tant mental que physique, ce dernier peut être atteint via divers moyens.
Pratiquer la pleine conscience et la méditation
La pleine conscience, tout comme les angoisses, oriente l’attention vers les ressentis ou les expériences du moment. Cependant, contrairement au stress et à l’anxiété, la méditation va exiger de regarder ces éléments sans jugement.
Pour cela, le Mindfulness recourt à divers outils tels que la respiration profonde, le centrage, l’auto-évaluation de son état physique et mental… Cela a pour but d’atteindre le 7ème et dernier pilier de cette pratique et qui n’est autre que le lâcher prise.
Cultiver une attitude positive et accepter l’imperfection
Prendre du recul par rapport à sa façon d’aborder la vie et les évènements, c’est capital pour évoluer. En effet, les gens sont tellement centrés sur les actions et sur l’anticipation qu’ils en oublient de mettre le tourbillon de la vie sur pause afin de se poser les bonnes questions.
Il faut alors se demander sous quel angle les situations sont généralement évaluées. S’il s’avère que le pessimisme règne en maître, il faudra apprendre petit à petit à structurer différemment ses cognitions de sorte à chercher et à envisager les choses de façon optimiste. Cette démarche demande des efforts et de l’introspection, mais elle peut être facilitée en tenant un journal où le sujet note ses expériences, ses impressions et ses évaluations d’une manière positive plutôt que négative. Il s’agit de tout un apprentissage qui permet d’améliorer jusqu’à son seuil d’exigence envers soi-même.
S’accorder des instants de détente et de plaisir
Sortir avec ses amis, faire une activité passionnante, se balader en pleine nature, regarder sa série préférée, ce sont autant d’occasions qui font que le sujet se déconnecte de ses soucis et de son besoin d’avoir un contrôle.
Il est aussi important de bien séparer sa vie personnelle et ses engagements professionnels. Les mails et les messages des collègues à toute heure de la journée peuvent rendre impossible l’accès à un état de lâcher-prise. Il faut donc prendre l’habitude de mettre en sourdine les notifications une fois lors des moments de détente.
Apprendre à gérer ses émotions et éviter la rumination
Des études ont montré que les femmes sont plus sujettes aux ruminations que les hommes, et c’est en grande partie à cause de ces ressassements et ces pensées négatives répétitives qu’elles sont plus nombreuses à souffrir d’anxiété et de dépression.
Par ailleurs, Van Rillaer (2016) affirme que pour venir à bout de ce type de processus mental, il faut d’abord prendre conscience de ses effets délétères. Par la suite, il est important de se distraire via des activités physiques ou intellectuelles, se détacher de ses affects via la méditation et agir si cela s’avère possible.
La respiration profonde et consciente
Développée par Leonard Orr, en 1960 aux USA, la respiration consciente profonde est une technique hautement relaxante. Souvent utilisée dans le milieu universitaire ou scolaire, elle permet aux professeurs, aux élèves et aux étudiants de lâcher prise et de déstresser. Cela décuple la concentration, l’attention et la confiance en soi.
Pour la pratiquer, le sujet peut s’asseoir ou rester debout. Il devra fermer les yeux, joindre les mains derrière le dos pour ouvrir au maximum sa cage thoracique. L’inspiration doit faire gonfler le ventre, tout en évitant l’élévation des épaules et des côtes. Il faut la maintenir quelques instants avant de la relâcher intensément, permettant à tout l’air de sortir naturellement.
L’écriture thérapeutique et le journaling
Écrire équivaut à déverser ses maux sur une page. Cela permet de mettre en mots ses ruminations, de leur donner vie puis de s’en détacher. Incontestablement thérapeutique, le journaling apaise le sujet.
L’étude de Boulay et ses collaborateurs (2020) a démontré que l’écriture calme l’anxiété et facilite l’expression des affects. Elle agit également comme un outil réparateur qui aide aussi à se décentrer et à prendre de la distance par rapport à son vécu.
Le psychologue américain, James W Pennebaker, préconise de se lancer dans la rédaction de ce qui passe par la tête et ce qui dérange durant au moins 20 minutes, et ce, sans interruption afin que l’exercice favorise vraiment le lâcher prise et la sérénité.
Les techniques de relaxation et la visualisation créative
Les diverses techniques de gestion du stress, comme l’auto-hypnose, la relaxation musculaire progressive et le yoga, génèrent un état de bien-être et un lâcher prise. Elles agissent en réduisant le taux de cortisol, en régulant la circulation sanguine et le rythme cardiaque.
D’autres approches permettent de se préparer activement à affronter les situations angoissantes. Parmi ces dernières, il y a la visualisation créative, durant laquelle, au lieu de ressasser les pensées négatives, le sujet essaye de s’imaginer vivre l’évènement à venir dans tous ses détails, et ce, en se le représentant positivement. Pratique ancestrale, elle programme l’inconscient et favorise, selon les chercheurs en neurosciences, l’activation des fonctions physiologiques qui vont contribuer à la réussite des projets et des actions futurs.
La pratique régulière d’une activité artistique ou sportive
L’art thérapie et le sport sont deux activités qui développent le lâcher prise.
Que ce soit par la peinture ou par le théâtre, par exemple, la personne se débarrasse de ses démons inconscients et de ses angoisses. Une sorte mise à nu de ses émotions se déroule de manière plus ou moins consciente et le sujet expérimente une prise de distance par rapport au quotidien. Cela le libère de son besoin de contrôler et arrive à calmer son esprit. Par ailleurs, la concentration sur la réalisation artistique, elle-même, lui fait oublier ses soucis.
Il faut également savoir que la quiétude se retrouve aussi à travers l’exercice physique. La pratique régulière favorise la sécrétion permanente des endorphines, qui sont les hormones du bonheur et du plaisir et qui facilitent la réduction des tensions psychiques et physiques.
Conclusion
Le lâcher prise est essentiel pour réduire l’anxiété et les ruminations et améliorer ainsi la qualité de vie. Cette compétence consiste à abandonner le besoin de tout contrôler. Ses avantages incluent une meilleure santé mentale, une plus grande confiance en soi et des relations plus harmonieuses. Pour développer cette aptitude, il y a diverses techniques, dont la méditation pleine conscience, la visualisation créative, la pratique d’activités artistiques ou sportives et le journaling. Cependant, si ces méthodes ne suffisent pas, il est conseillé de consulter un professionnel pour retrouver la sérénité au quotidien.