Une étude menée par IPSOS, en 2023, révèle que 65 % des Français s’estiment stressés. 45 % d’entre eux signalent une augmentation de leurs angoisses au cours des deux dernières années. Si cette problématique était limitée à une souffrance mentale, elle serait peut-être moins préoccupante, mais le stress s’attaque pratiquement à chaque organe et cause des manifestations gênantes. Aujourd’hui, nous nous concentrons sur sa capacité à générer des douleurs œsophagiennes, entraînant une altération de la qualité de vie.
Comment le stress génère-t-il des douleurs à l’œsophage ?
Le stress exerce une influence significative sur plusieurs composantes des systèmes gastrique et digestif, dont l’estomac, les intestins et le côlon. Lorsqu’il induit des douleurs à l’œsophage, ce phénomène peut être attribué à divers mécanismes physiologiques complexes.
Les effets du stress sur l’œsophage
Nombreuses recherches ont permis de décrire les conséquences du stress sur l’œsophage :
- Anderson et ses collaborateurs (1989) ont réalisé une expérience où ils soumettaient les participants à un stress auditif ou cognitif avant d’évaluer les contractions de leur œsophage. Les résultats ont montré une augmentation de l’amplitude des spasmes et une modification donc de la motilité œsophagienne. Cela est expliqué par la hausse du taux de cortisol d’après la recherche de Broers et ses collègues (2017) qui ont administré par voie intraveineuse de corticolibérine CRH au groupe de volontaires pour voir son effet sur cet organe de la digestion.
- L’injection de la CRH a également démontré que cette hormone provoque une hypersensibilité de l’œsophage.
- D’autres études ont découvert que le stress induit un relâchement involontaire au niveau du sphincter œsophagien inférieur (SOI). Ce phénomène, couplé à la production excessive d’acide gastrique chez la personne angoissée, augmente le risque de remontées acides et les sensations de brûlure et d’irritation.
Il convient de souligner que les variations de la motilité œsophagienne, l’augmentation de l’acidité et l’élévation de la sensibilité de l’œsophage peuvent engendrer des douleurs parfois intenses dans cette région.
Les conséquences des douleurs œsophagiennes dues au stress
Les douleurs œsophagiennes induites par le stress compromettent considérablement le bien-être quotidien, avec l’installation de brûlures et de spasmes dès le réveil. De plus, l’alimentation peut aggraver ces symptômes. Tout cela participe à intensifier la focalisation sur les ressentis physiques et à biaiser l’évaluation de l’intensité de la douleur, créant ainsi un cercle vicieux d’angoisses croissantes.
Par ailleurs, les algies ont aussi pour conséquence la perturbation du sommeil, car le sujet est trop crispé. Enfin, la vie sociale peut également être impactée. Cela se manifeste généralement par une réticence à participer à des activités habituelles ou à sortir avec le groupe d’amis proches.
Les solutions efficaces pour soulager la douleur à l‘œsophage due au stress
Pour venir à bout des douleurs à l’œsophage, il faut aussi bien agir sur le mal-être psychique que sur les manifestations physiques.
Les techniques de gestion du stress
Les techniques de gestion du stress ont des racines généralement ancestrales. Certaines ont été perfectionnées ou réglementées par des médecins et autres spécialistes de la santé mentale afin d’optimiser leurs effets sur les angoisses, mais également sur le bien-être physique. Parmi celles que nous recommandons aux sujets ayant des douleurs à l’œsophage dues au stress, il y a :
- La relaxation progressive de Jacobson : ce psychiatre américain a établi une corrélation entre les tensions musculaires et l’anxiété, soulignant leur relation bidirectionnelle. Selon lui, la première peut induire un état de stress, et vice versa. Sa méthode thérapeutique repose sur la détente musculaire comme moyen d’atteindre la sérénité intérieure. Pour ce faire, le sujet doit apprendre à repérer ses différents groupes musculaires et à prendre conscience de la tension qu’ils subissent. En pratiquant des mouvements de contraction et de décontraction, le relâchement physique est favorisé (Chaloult, 2016). Cette approche vise à rompre le cycle de la crispation, contribuant ainsi, entre autres, à la réduction des douleurs œsophagiennes.
- La méditation pleine conscience : également appelée Mindfulness, cette pratique implique une concentration bienveillante sur le moment présent, en mettant l’accent sur la respiration, les sensations corporelles et les pensées. Elle favorise la détente et atténue les réponses physiologiques, dont la surproduction de l’acidité gastrique et les spasmes musculaires associés aux douleurs œsophagiennes. De plus, elle œuvre à rationaliser la perception de la douleur, contribuant ainsi à une approche plus contrôlée des symptômes algiques.
- L’imagerie mentale : permettant de détourner le sujet de ce qui le préoccupe et de ses douleurs, elle consiste à créer des images vivantes dans l’esprit et à se concentrant sur des scènes apaisantes, imaginaires ou vécues antérieurement. En se plongeant mentalement dans des situations agréables, la personne va pouvoir influencer positivement ses émotions, ses sensations physiques et sa perception des algies.
L’alimentation adaptée pour prévenir la douleur à l’œsophage due au stress
Quel que soit le mécanisme sous-jacent aux douleurs œsophagiennes dues au stress, il est généralement conseillé de :
- Privilégier des repas faciles à avaler : ceci est surtout recommandé quand les douleurs sont causées par les spasmes. Il faut alors miser sur les soupes, les pâtes, les purées et toute nourriture molle ou liquide.
- Eviter l’alimentation favorisant l’acidité gastrique : Létard et ses confrères gastro-entérologues (2009) conseillent de proscrire les aliments riches en matières grasses (la charcuterie, la friture, les plats en sauce…), certains légumes frais (le choux, le navet, le poireau…), les fromages qui fermentent (le camembert, le roquefort, le brie…), les agrumes, la tomate, les épices, le chocolat, les eaux gazeuses sucrées…
Les médicaments et traitements recommandés pour soulager la douleur œsophage due au stress
Les médicaments qui pourront être prescrits dépendront de la cause des douleurs ressentis dans l’œsophage. Si elles sont dues aux spasmes induits par le stress, les docteurs s’orienteront plutôt vers des inhibiteurs calciques ou des antidépresseurs tricycliques. Ces deux alternatives favoriseront le relâchement musculaire. Dans le cas de l’inefficacité de la médication, il se peut qu’une injection de toxine botulique soit recommandée.
Mais lorsque ce sont les brûlures dans l’estomac qui sont à la racine des algies, le patient aura droit à du charbon, à des antiacides et des pansements gastriques.
Le praticien pourra également donner des comprimés contre l’anxiété. Cela peut aller d’une supplémentation en magnésium à des traitements anxiolytiques.
Conseils pratiques pour éviter la douleur à l’œsophage liée au stress au quotidien
Une bonne organisation, du sport et un mode de vie sain sont des démarches faciles à mettre en place et accessible à tous afin de réduire le stress au quotidien et prévenir ainsi les douleurs à l’œsophage.
La gestion du temps et des priorités
Benjamin Franklin disait que le temps était de l’argent. Nous dirions que sa gestion, c’est également une source d’apaisement incontestable. En effet, en ayant une grande maîtrise sur son planning, le sujet sort du flou et anticipe facilement et sereinement l’avenir. Pour cela, il est bien sûr capital de définir les priorités. Il faut donc recenser toutes les tâches à exécuter et les classer selon leur importance et leur urgence afin d’arriver à les réaliser dans les bons délais. La planification, le fait de ne pas se laisser déstabiliser par les distracteurs ainsi que la capacité à dire non quand il le faut, rendent le quotidien plus organisé et plus simple à aborder. L’individu ne se laissera alors plus déborder par ses activités professionnelles et pourra s’accorder des moments de repos et de bien-être.
L’exercice physique régulier pour réduire le stress
Il est de plus en plus préconisé par le corps médical d’adopter une pratique sportive régulière pour réduire les risques d’obésité, de maladies cardio-vasculaires et de troubles anxieux. L’exercice physique induit, en effet, une sécrétion de dopamine et d’endorphines, engendrant une sensation de sérénité et d’apaisement.
Cependant, il est crucial de noter que dans le cas où une personne souffre de douleurs à l’œsophage, et particulièrement si ces algies résultent d’une production accrue d’acide gastrique, des activités sportives intenses ou stimulant l’abdomen, peuvent aggraver les symptômes. Par conséquent, il est recommandé d’opter pour une marche de 20 à 30 minutes quotidiennement. Cette dernière devra être programmée une à deux heures après le dernier repas.
L’importance d’une bonne hygiène de vie pour limiter la douleur à l’œsophage due au stress
Un mode de vie sain constitue l’une des principales stratégies pour apaiser et prévenir les symptômes physiques liés au stress.
Ainsi, afin de réduire les douleurs œsophagiennes, il est impératif de restreindre les repas excessivement copieux et riches en matières grasses, ainsi que les aliments mentionnés précédemment. En plus, il est recommandé de maintenir une bonne hydratation, en buvant au moins 1 litre et demi d’eau par jour. Il faut aussi s’abstenir de consommer de l’alcool, vu qu’il irrite l’œsophage et amplifie le vécu anxiogène.
Par ailleurs, le sommeil joue un rôle crucial et il est conseillé de dormir au minimum 7 heures par nuit. Des recherches, telles que celle menée par Fass et ses collaborateurs en 2008, indiquent que ce type de douleur est souvent attribuable au stress résultant de troubles du sommeil.
Quand consulter un professionnel pour la douleur œsophage liée au stress ?
Lorsque les algies se font persistantes et qu’elles impactent lourdement la qualité de vie de l’individu. Il est recommandé de consulter un gastro-entérologue. Il est également conseillé de le faire si les douleurs œsophagiennes s’accompagnent d’autres symptômes tels qu’une perte de poids significative ou d’une dysphagie (difficulté à avaler).
Si le médecin ne détecte aucune explication somatique au trouble, il orientera probablement le patient vers un professionnel de la santé mentale. Ce dernier se chargera alors d’établir un diagnostic et de proposer à la personne la psychothérapie qui l’aidera à mieux gérer son stress. Les psychologues et autres psychiatres proposent généralement une thérapie cognitivo-comportementale. Cette approche se focalise sur l’identification et la modification des pensées dysfonctionnelles et des schémas comportementaux liés à l’état de tension psychique. Elle permet ainsi de mieux gérer les pressions et les angoisses et d’atténuer les manifestations physiques associées.
Conclusion
Pouvant être déclenchées par les angoisses, les douleurs œsophagiennes affectent le bien-être physique et émotionnel. Les réactions physiologiques dues au stress, telles que la stimulation de l’acidité gastrique et la sensibilité accrue de l’œsophage, font émerger les symptômes douloureux. Les conséquences s’étendent au quotidien, perturbant le sommeil et impactant la vie sociale. Pour prévenir cela, les techniques de gestion du stress, du temps et de priorités, la relaxation, une alimentation adaptée et le sport peuvent être d’excellents alliés. Les approches thérapeutiques, notamment la thérapie cognitivo-comportementale, se présentent comme des solutions prometteuses lorsque la qualité de vie est altérée. Il est également conseillé parfois de recourir à des traitements médicamenteux.