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Symptômes du burn-out : détectez-les précocement

5 août 2024
Rédigé par Inès Mouldi Inès Mouldi
Vérifié par Inès Mouldi Inès Mouldi

Christophe Dejours, éminent psychologue social, a approfondi son analyse de la souffrance au travail à travers son livre « J’ai très mal au travail ». Il a souligné ainsi que nos emplois ne sont pas synonymes de santé, comme le suggérait la chanson d’Henri Salvador. Les chiffres corroborent d’ailleurs ces propos. En effet, selon l'enquête, menée par OpinionWay en mars 2022, 41 % des salariés français déclarent vivre une détresse psychologique, 34 % souffrent d'un syndrome d’épuisement professionnel et 13 % sont en état de burn-out sévère.

Qu'est-ce que le burn-out et quels sont ses principaux symptômes ?

Le terme burn-out a été utilisé pour la première fois par Herbert Freudenberger en 1974. Ce psychologue et psychothérapeute américain décrivait alors un état de frustration ou de fatigue, causé par le dévouement à une cause, à une relation ou un style de vie qui s’est avéré en fin de compte décevant. De nombreuses autres définitions ont suivi par la suite. Nous retiendrons celle formulée collectivement par plus de 50 experts et qui indique qu’il s’agit d’un épuisement physique et émotionnel consécutif à une exposition prolongée à des soucis en lien avec le travail. (Guseva et ses collaborateurs, 2021).

Épuisement physique et émotionnel

Le choix du terme burn-out n'est pas anodin, il renvoie en français aux verbes se consumer ou brûler. Cela réfère à l'image d'une bougie qui, à force de « faire son travail », finit par fondre. C’est ce qui se passe avec l’employé qui s’investit puis se fatigue et consomme progressivement la majorité de son énergie physique et mentale.

Nous observons alors, une asthénie persistante et de nombreuses manifestations somatiques comme les problèmes digestifs, les maux de tête, les troubles musculosquelettiques… Il existe de nombreux témoignages de salariés qui déclarent  qu’un jour, ils n’ont pas réussi à quitter leur lit pour aller travailler. Il leur était impossible physiquement de le faire et que c’est cela qui a permis de consulter et de déposer le diagnostic.

Au niveau émotionnel, nous retrouvons de l’irritabilité, une humeur triste, une réduction de l’expression des émotions, une hypersensibilité, une impression d’être pris au piège, la dévalorisation de soi…

Il est important de noter que, selon Schonfeld, et Bianchi (2016), l’anxiété la dépression sont des entités qu’il est parfois difficile de séparer du burn-out. Elles peuvent constituer une cause, une conséquence ou évoluer parallèlement à l’épuisement professionnel. Cela est principalement dû au fait qu’ils partagent une symptomatologie commune.

Perte d'intérêt et de motivation

L’engagement au travail est caractérisé par l’implication et l’énergie du sujet. Selon Christina Maslach, la créatrice de l’inventaire du burn-out, plus le score à ce dernier est élevé, plus la motivation de l’individu se révèle basse.

En effet, la personne qui se sent épuisée professionnellement a l’impression de ne plus partager les valeurs de son entreprise, de ce, même si celles-ci l’avaient attirées au départ. Cela participe grandement à son manque d’intérêt et de désir d’investissement dans ses missions. La diminution de l’envie de contribuer est souvent dûe aussi à un sentiment d’absence de reconnaissance.

Difficultés cognitives et de concentration

Le burn-out a un impact délétère sur les fonctions cognitives et les capacités de traitement de l’information du salarié. Ce dernier a l’impression de mettre beaucoup plus de temps qu’avant pour réaliser les mêmes tâches. Cela est causé par des problèmes de concentration et d’attention. Il fera également beaucoup plus d’erreurs qu’avant, oubliera des dates ou des éléments importants et cela risque de lui attirer des ennuis, dont il pourrait très bien se passer vu son mal-être au travail.

Problèmes de sommeil et irritabilité

7 personnes sur 10 déclarent que leur bien-être est totalement ou partiellement dépendant de leur travail. Nous remarquons donc fréquemment que l’essoufflement dans les missions a des répercussions sur la santé, mais également sur le sommeil. En effet, les sujets souffrant de burn-out ont du mal à s’abandonner dans les bras de Morphée. Ces soucis d’endormissement sont souvent associés à des réveils nocturnes et à une très grande fatigue au réveil. Cela induit un haut taux de cortisol dans le sang qui fera que le sujet sera stressé et très irritable. Son seuil de tolérance aux frustrations sera très bas et il aura du mal à gérer les tâches qui lui incombent.

Isolement social et difficultés relationnelles

Ce symptôme peut aussi constituer une cause et une conséquence du burn-out. En effet, quand le sujet n’a pas un cercle d’amis, de proches et de collègues qui le soutient réellement, il est plus exposé que les autres à développer un épuisement professionnel.

Par ailleurs, une personne en burn-out se repliera sur elle-même, car elle perdra sa confiance en elle et elle pourra avoir l’impression d’être jugée. Cela peut compromettre encore plus ses relations et sa communication avec ses collaborateurs et ses supérieurs.

Qu'est-ce que le burn-out et quels sont ses principaux symptômes ?

Les signes précurseurs du burn-out à repérer 

Avant même que les symptômes susmentionnés ne se manifestent, certains signes précurseurs peuvent indiquer que la personne n’est plus épanouie au travail. Il est essentiel d’être à l’affût de ces manifestations afin d’agir rapidement pour prévenir une détérioration de la situation.

Diminution de la satisfaction au travail

Avant l’apparition de la démotivation, il y a la diminution ou la perte de la satisfaction au travail. 

Après des mois de fort investissement et d’enthousiasme pour son poste, l’employé accuse alors une période de désillusion. Celle-ci peut avoir plusieurs causes : ambiance malsaine, tâches trop répétitives, absence de résultats malgré l’engagement, manque de reconnaissance suite à  la réussite dans les missions, rémunération trop faible…

Or, ce paramètre est essentiel tant au niveau organisationnel que sur le plan personnel. Sans lui, le salarié perd la flamme de l’accomplissement de soi.

Augmentation du stress et de l'anxiété

Une personne au bord du burn-out ressentira inévitablement un niveau accru d'anxiété. Elle abordera le travail avec une boule au ventre, traînant les pieds, et en rentrant chez elle, elle continuera à ruminer des inquiétudes liées à sa vie professionnelle. 

Ces préoccupations auront des conséquences sur son sommeil et peuvent aussi perturber ses habitudes alimentaires. En effet, il n'est pas rare que ces employés connaissent des variations significatives de poids. Certains cherchent du réconfort dans une alimentation riche en gras et en sucre. Tandis que d'autres perdent l'appétit en raison de la préoccupation constante pour trouver des solutions à leur situation.

Sentiment d'incompétence ou d'inefficacité

Le sentiment d’incompétence et de ne pas être à la hauteur est une des variables les plus prédictives du burn-out. Il peut être sous-jacent au syndrome de l’imposteur qui est considéré comme un facteur catalyseur de l’épuisement émotionnel, de l’anxiété et de la dépression.

En effet, le sujet qui se sous-estime nourrit des angoisses par rapport à l’image qu’il renvoie aux autres et au risque de se faire renvoyer à cause de son inefficacité. Il a également une faible confiance en lui-même et il ne sera jamais satisfait par ce qu’il produit. Tout cela peut créer une situation professionnelle particulièrement difficile à supporter.

Baisse de la productivité et de la performance

Maintenir son niveau habituel d'efficacité et d'accomplissement est vraiment difficile lorsqu’on est au bord de l’épuisement professionnel.

Cela s’explique par le fait que la fatigue et tous les facteurs, précédemment cités, concourent à rendre le salarié beaucoup moins productif. L’absence d’enthousiasme, l’impression d’être inapte à bien mener ses missions et les angoisses épuisent le sujet psychiquement et abrasent ses capacités à réaliser ses tâches dans les délais impartis. De plus, même la qualité de son rendement risque de baisser, en raison des troubles de la concentration, du manque de créativité et de difficultés à prendre des décisions.

Les signes précurseurs du burn-out à repérer

Comment prévenir le burn-out et favoriser le bien-être au travail ?

De nos jours, les entreprises et les employés collaborent de plus en plus étroitement pour promouvoir le bien-être au travail. Cette démarche implique la mise en œuvre de diverses stratégies que chaque salarié devrait adopter ou encourager ses supérieurs à mettre en place.

Gestion du stress et de la charge de travail

Sur le plan organisationnel, il est impératif, selon Jubert (2018), que les employés évoluent dans un cadre qui comprend les éléments suivants pour ne pas souffrir de stress professionnel :

  • Une charge de travail adaptée à leurs capacités,
  • Un espace de liberté dans l'accomplissement des tâches, favorisant l'innovation et procurant simultanément un sentiment de contrôle.
  • L’équité qui permet de faire régner une ambiance apaisée,
  • Des valeurs et des idéaux qui se rapprochent des leurs,
  • Un esprit de groupe.

Parallèlement, chaque salarié devra veiller à son bien-être et se préserver des angoisses en pratiquant des techniques de relaxation (détente progressive de Jacobson, training autogène de Schultz, respiration profonde…), en faisant du sport et en communicant sur son mal-être avec ses collègues et ses supérieurs en cas de soucis.

Encourager l'équilibre entre vie professionnelle et personnelle

Les entreprises respectueuses évitent de perturber leurs employés en dehors des heures de travail. Mais les salariés aussi doivent apprendre à se déconnecter durant leur temps libre.

Cela nécessite une gestion efficace des priorités, afin d'accomplir les missions uniquement pendant les moments dédiés à cela. En dehors de ces plages horaires, ils peuventalors vivre des instants de qualité avec leur famille et  leurs amis, ce qui permet de souffler et de retrouver la motivation nécessaire à la productivité. Si cela s’avère difficile, le sujet se trouvera coincé dans le sempiternel cercle du métro-boulot-dodo, ce qui augmente considérablement le risque de burnout.

Promouvoir la reconnaissance et la valorisation des employés

La reconnaissance a beaucoup été étudiée en psychologie sociale et organisationnelle. Il s’agit d’une notion centrale, sans laquelle le sujet est incapable de s’épanouir.

En effet, comme le soulignent El Akremi et ses collaborateurs (2009), le travail est un espace crucial pour le lien social et la recherche d'identité. La reconnaissance professionnelle est  un levier essentiel dans le processus de construction et de confirmation de l'identité individuelle. Le salarié ne pourra évoluer harmonieusement qu’en ayant l’impression que son rendement est remarqué et qu’il est apprécié.

Offrir un soutien psychologique et des ressources

Toute entreprise socialement responsable doit mettre à disposition de ses collaborateurs des ressources favorisant leur épanouissement.

Elle doit être capable d’identifier et d’éliminer les facteurs anxiogènes, proposer des infrastructures ou des actions bien-être (ateliers de relaxation et de gestion du stress, salle de sport, studio de yoga…), et embaucher un psychologue du travail pour offrir un soutien professionnel. Certaines sociétés concluent même des conventions avec des centres d'assistance psychologique pour renforcer la santé mentale de leurs employés.

Comment prévenir le burn-out et favoriser le bien-être au travail ?

Comment se remettre d'un burn-out et retrouver son équilibre ?

Il est essentiel d'intervenir face au burn-out, car négliger cette situation peut entraîner une détérioration continue de la santé physique et mentale. Agir s'avère donc crucial tant pour la trajectoire professionnelle de la personne que pour sa qualité de vie globale.

Reconnaître son état de burn-out et prendre du temps pour se reposer

Il est capital qu’il y ait une reconnaissance du burn-out pour stopper l’épuisement mental et physique. Le sujet doit alors accepter ce qui lui arrive et ne pas le vivre comme un échec, mais comme un déséquilibre entre ses ressources et ce qui lui était imposé. 

Généralement, le médecin va proposer un arrêt de travail dont la durée va dépendre de la sévérité des symptômes. Cela peut parfois aller jusqu’à plus de 3 mois de congé. Durant cette pause, l’employé devra prendre du recul par rapport à sa situation, se relaxer et essayer de retrouver le plaisir et la motivation à travailler.

Suivre une thérapie ou un accompagnement professionnel

Il est fortement recommandé d'opter pour une thérapie ou un suivi psychologique afin d'assurer une guérison complète du burn-out.

En effet, il est important de noter que le risque de rechute, atteignant environ 30 à 40 %, peut être significativement réduit par une psychothérapie qui cible en profondeur les causes du mal-être. Elle permet également de développer des ressources pour mieux gérer le stress. Enfin, la psychoéducation aide l'individu à détecter précocement les signes précurseurs futurs, évitant ainsi au sujet d'être consumé à nouveau par les responsabilités et les impératifs professionnels.

Réorganiser ses priorités et revoir son mode de vie

La réflexion sur l’avenir de sa carrière est une étape importante pour sortir du burn-out. En effet, le salarié doit se reconnecter avec lui-même et se questionner sur son besoin de retrouver son poste, sur ses envies et sur  sa représentation actuelle de son travail, et même du métier qu’il a choisi. Nous assistons très souvent à des reconversions après un épisode d’épuisement professionnel. Mais ceci n’est, bien sûr, pas systématique.

Parfois, la passion et la motivation renaissent petit à petit. Dans ce cas, il est nécessaire de réévaluer ses priorités et son mode de vie afin de rétablir une certaine harmonie. Cela peut impliquer des ajustements dans la manière dont on aborde ses responsabilités professionnelles et dans la gestion globale de sa vie quotidienne.

Progressivement, retourner au travail avec des ajustements

Il est pratiquement impossible pour le sujet de renouer avec le bien-être s’il doit retrouver son travail dans les mêmes conditions qu’avant son burn-out. Le replonger dans le même environnement risque de le faire rapidement récidiver.

Ainsi, le médecin du travail prévoit généralement un temps partiel thérapeutique. L’employeur devra envisager un aménagement du poste pour que la charge de travail puisse être réalisée durant ces horaires temporaires. Enfin, il est essentiel de créer un cadre bienveillant favorisant l’impression de soutien et le plaisir de mener à bien ses missions.

Conclusion

La préservation de la santé mentale des employés relève d'une responsabilité partagée entre l’entreprise et ses salariés. Elle passe, en grande partie, par la prévention et la prise en charge efficace du burn-out. Ainsi, les symptômes, allant de l'épuisement physique et émotionnel à la perte de la motivation, doivent être détectés précocement. Et pour favoriser le bien-être, il faut une bonne gestion du stress, un équilibre vie professionnelle-personnelle et la promotion de la reconnaissance. Mais si cela ne suffit pas à éviter l’essoufflement de la personne, il faut qu’elle accepte son état d’épuisement professionnel, suive une thérapie et écoute son corps avant de replonger progressivement dans l’univers du travail. 

Symptômes du burn-out : détectez-les précocement
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