Le dernier rapport de Santé Publique France, datant du mois de juin 2023, montre que 22 % de la population française consomme une quantité d'alcool excédant les limites considérées comme normales. Bien que ce pourcentage ait connu une légère baisse en comparaison avec les années précédentes, son niveau demeure préoccupant vu les conséquences délétères de l'abus et de la dépendance à l'alcool sur l’anxiété et la santé mentale en général.
S’il n’est pas évident de définir une limite de consommation raisonnable de l’alcool, l’Institut National du Cancer et Santé Publique France ont pourtant tenté en 2017 de fixer un seuil. Ils jugent non-préjudiciable le fait de boire dix verres standards hebdomadairement, et ce, sans dépasser deux verres par jour. Au-delà, ils estiment que des effets nocifs sur la santé mentale ne tarderaient pas à apparaître.
Parmi les conséquences négatives de la consommation de l’alcool sur le bien-être mental de la personne, les études ont répertorié :
De nombreuses études scientifiques se sont penchées sur les liens entre l'alcool et ce trouble psychologique. Les résultats publiés par Zullino et son équipe en 2013 indiquent que 20 % des individus souffrant de dépendance à l'alcool affichent également de l’anxiété. Par ailleurs, des recherches menées par l'Epidemiologic Catchment Area (ECA) ont révélé que 26 % des patients atteints de troubles anxieux présentent une addiction à l'alcool concomitante. Ainsi, dans cette interaction entre l'anxiété et la consommation d'alcool, il peut être difficile de déterminer quelle est la cause et quelle est la conséquence. Mais ce qui est certain, c’est que dans ce cercle vicieux, les effets de la boisson peuvent être les suivants :
En général, les individus aux prises avec des troubles anxieux ont souvent tendance à croire que la consommation d'alcool améliorera leur bien-être. Cependant, cette croyance est fausse, du moins sur le long terme. En réalité, l'alcool va provoquer l'effet inverse de celui recherché. Son utilisation régulière en tant qu’automédication peut perturber l'équilibre des substances chimiques dans le cerveau.
Voici les mécanismes par lesquels l’alcool agit sur les symptômes d’anxiété selon Silberman et ses collaborateurs (2009) :
- Au tout début, l’effet est clairement anxiolytique : ceci se fait par une action sur les neurotransmetteurs inhibiteurs et excitateurs du cerveau. Il va alors augmenter l’effet de l’acide gamma-aminobutyrique (Gaba) pour donner lieu à une désinhibition chez l’individu. Parallèlement, il va diminuer le rôle du glutamate, ce qui engendrera un apaisement.
- Le lendemain, l’anxiété regagne le sujet, un peu plus intensément : le déséquilibre induit la veille par la consommation d’alcool entraînera une réaction du cerveau. Face au haut taux du Gaba associé à un faible niveau de glutamate, il va contrebalancer la tendance recréant l’anxiété.
Commençons d’abord par informer les personnes souffrant de troubles anxieux sur leur vulnérabilité accrue au développement d'une addiction à l'alcool. En effet, leur risque est 2,4 fois supérieur à celui de la population générale.
Parallèlement, et comme susmentionné, l’alcool augmentera l’anxiété et la tendance à manifester des crises de panique. Silberman et ses collègues (2009) pensent que les expositions aiguës et chroniques vont avoir une influence sur la communication synaptique excitatrice et inhibitrice du cerveau et entraîneront un effet hautement anxiogène sur l’individu. Il convient de rappeler que, comme l'a souligné Cosci en 2007, ces changements neurochimiques peuvent survenir aussi bien lorsqu'un sujet utilise l’éthanol en tant qu’automédication, que dans le cas d'une dépendance avérée ou lors du sevrage.
Si les anxiolytiques ont pour mission d’apaiser le sujet de réduire le niveau de son anxiété, ils peuvent également avoir des effets négatifs, tels que l’étourdissement, la somnolence, les troubles de l’équilibre et de la mémoire…
En les mélangeant avec l’alcool, ils risquent d’être encore plus nocifs pour l’individu, tout en perdant de leur efficience. En effet, ce cocktail aura tendance à augmenter la sédation du patient, celle-ci peut atteindre des seuils qui mettent en danger sa vie. Il peut aussi endommager le foie, provoquer une détresse respiratoire ou une overdose le faisant tomber dans le coma ou entraînant sa mort.
Il est donc capital de s'abstenir totalement de la consommation d'alcool lors de la prise d'un traitement anxiolytique.
La durée et la qualité du sommeil ont un impact direct sur la gestion du stress, sur l’irritabilité et sur le niveau d'anxiété. Il faut d’ailleurs noter que contrairement aux idées reçues, l'alcool n'est pas le meilleur allié pour des nuits paisibles, loin de là. Il est vrai qu’il peut faciliter l'endormissement en agissant sur l'adénosine et le système GABAergique, mais il a une action néfaste sur le reste de la nuit.
En effet, selon Dematteis et Pennel (2018), le sommeil sera perturbé par des réveils fréquents en raison de la métabolisation de l'alcool, qui provoque une diminution des taux sanguins de l’hormone de croissance et de la mélatonine. Certains chercheurs ont même observé des cas d'apnées du sommeil chez des patients souffrant d'alcoolisme.
Maintenant qu’il est clair que l’alcool est loin d’être un allié contre l’anxiété, il est important de trouver d’autres moyens qui permettent d’atteindre le bien-être. Voici les alternatives que nous considérons comme les plus efficaces :
Si les méthodes naturelles ne permettent pas de s’en sortir seul, il faut faire face à la réalité et reconnaître que le trouble anxieux nécessite de prendre rendez-vous avec un spécialiste. Le psychologue ou le psychiatre sauront faire le bon diagnostic et orienter vers le traitement médicamenteux et/ou psychothérapeutique qui convient le mieux au patient.
Lorsqu’une personne souffre d’une anxiété consécutive à la consommation d’alcool, elle peut s’orienter vers les organismes suivants :
Principales ressources dans la prise en charge des addictions, schéma retrouvé sur le site https://www.solidarites-usagerspsy.fr/
Celui qui utilise l’alcool comme automédication contre l’anxiété risque gros. En effet, ce remède n’en est pas un. Il s’agit d’un poison qui interfère via des neurotransmetteurs pour aggraver la symptomatologie anxieuse et diminuer l’efficacité des anxiolytiques, noyant le sujet dans un tourbillon infernal fait d’angoisses, de dépression, d’addiction et d’idéations suicidaires. Heureusement, il existe de nombreuses alternatives naturelles qui permettent de dépasser efficacement l’anxiété. Et si cela ne suffit pas, il est important de connaître les divers dispositifs qui ont été mis en place par l'État pour aider le patient à aller mieux.