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Alcool et anxiété : les effets néfastes sur la santé mentale

15 Jan 2024
Élaboré par
Clement Chaal
Rédigé par
Inès Mouldi
Alcool et anxiété : les effets néfastes sur la santé mentale

Le dernier rapport de Santé Publique France, datant du mois de juin 2023, montre que 22 % de la population française consomme une quantité d’alcool excédant les limites considérées comme normales. Bien que ce pourcentage ait connu une légère baisse en comparaison avec les années précédentes, son niveau demeure préoccupant vu les conséquences délétères de l’abus et de la dépendance à l’alcool sur l’anxiété et la santé mentale en général.

Quels sont les effets néfastes de l’alcool sur la santé mentale et l’anxiété ?

S’il n’est pas évident de définir une limite de consommation raisonnable de l’alcool, l’Institut National du Cancer et Santé Publique France ont pourtant tenté en 2017 de fixer un seuil. Ils jugent non-préjudiciable le fait de boire dix verres standards hebdomadairement, et ce, sans dépasser deux verres par jour. Au-delà, ils estiment que des effets nocifs sur la santé mentale ne tarderaient pas à apparaître.

Les effets de l’alcool sur la santé mentale

Parmi les conséquences négatives de la consommation de l’alcool sur le bien-être mental de la personne, les études ont répertorié :

  • L’anxiété : selon Richa et ses collaborateurs (2018), l’alcoolisme peut se manifester avant, après ou en même temps que les troubles anxieux. La substance psychoactive va avoir un effet généralement anxiogène sur l’individu.
  • La dépression : la surconsommation de l’alcool peut contribuer au développement d’états dépressifs, tout comme elle peut aggraver les symptômes du trouble déjà existant.
  •  La désinhibition, l’agressivité et l’augmentation du taux de suicide : la boisson a tendance à diminuer les inhibitions et les limites personnelles du sujet, le rendant ainsi plus susceptible de manifester de la violence et de l’impulsivité. Cette réduction des barrières peut faciliter l’expression de comportements auto-agressifs et l’émergence d’idéations et de passages à l’acte suicidaires.
  • La perturbation des fonctions cognitives : de nombreuses aptitudes peuvent être affectées. Nous observerons alors une baisse de la vigilance, une désorientation temporo-spatiale, un allongement du temps de réaction, des difficultés à prendre des décisions, une altération du raisonnement logique…
  • Les psychoses : l’alcool peut aussi bien les induire (Delirium tremens, Syndrôme de Korsakoff …) que les aggraver.

Les effets de l’alcool sur l’anxiété

De nombreuses études scientifiques se sont penchées sur les liens entre l’alcool et ce trouble psychologique. Les résultats publiés par Zullino et son équipe en 2013 indiquent que 20 % des individus souffrant de dépendance à l’alcool affichent également de l’anxiété. Par ailleurs, des recherches menées par l’Epidemiologic Catchment Area (ECA) ont révélé que 26 % des patients atteints de troubles anxieux présentent une addiction à l’alcool concomitante. Ainsi, dans cette interaction entre l’anxiété et la consommation d’alcool, il peut être difficile de déterminer quelle est la cause et quelle est la conséquence. Mais ce qui est certain, c’est que dans ce cercle vicieux, les effets de la boisson peuvent être les suivants :

  • Amplification des affects anxieux,
  • Augmentation de symptômes physiologiques, tels que les tremblements et la transpiration,
  • Accroissement de l’irritabilité et de la nervosité,
  •  Perturbation du sommeil et augmentation de la sensation de fatigue chronique,
  •  Apparition de symptômes dépressifs associés à l’état anxieux.
les effets néfastes de l'alcool sur la santé mentale et l'anxiété

Comment l’alcool aggrave-t-il les symptômes d’anxiété ?

En général, les individus aux prises avec des troubles anxieux ont souvent tendance à croire que la consommation d’alcool améliorera leur bien-être. Cependant, cette croyance est fausse, du moins sur le long terme. En réalité, l’alcool va provoquer l’effet inverse de celui recherché. Son utilisation régulière en tant qu’automédication peut perturber l’équilibre des substances chimiques dans le cerveau. 

Voici les mécanismes par lesquels l’alcool agit sur les symptômes d’anxiété selon Silberman et ses collaborateurs (2009) :

–   Au tout début, l’effet est clairement anxiolytique : ceci se fait par une action sur les neurotransmetteurs inhibiteurs et excitateurs du cerveau. Il va alors augmenter l’effet de l’acide gamma-aminobutyrique (Gaba) pour donner lieu à une désinhibition chez l’individu. Parallèlement, il va diminuer le rôle du glutamate, ce qui engendrera un  apaisement.

–       Le lendemain, l’anxiété regagne le sujet, un peu plus intensément : le déséquilibre induit la veille par la consommation d’alcool entraînera une réaction du cerveau. Face au haut taux du Gaba associé à un faible niveau de glutamate, il va contrebalancer la tendance recréant l’anxiété.

L’alcool comme déclencheur d’attaques de panique et de crises d’anxiété

Commençons d’abord par informer les personnes souffrant de troubles anxieux sur leur vulnérabilité accrue au développement d’une addiction à l’alcool. En effet, leur risque est 2,4 fois supérieur à celui de la population générale.

Parallèlement, et comme susmentionné, l’alcool augmentera l’anxiété et la tendance à manifester des crises de panique. Silberman et ses collègues (2009) pensent que les expositions aiguës et chroniques vont avoir une influence sur la communication synaptique excitatrice et inhibitrice du cerveau et entraîneront un effet hautement anxiogène sur l’individu. Il convient de rappeler que, comme l’a souligné Cosci en 2007, ces changements neurochimiques peuvent survenir aussi bien lorsqu’un sujet utilise l’éthanol en tant qu’automédication, que dans le cas d’une dépendance avérée ou lors du sevrage.

L’alcool comme facteur de diminution de l’efficacité des traitements contre l’anxiété

Si les anxiolytiques ont pour mission d’apaiser le sujet de réduire le niveau de son anxiété, ils peuvent également avoir des effets négatifs, tels que l’étourdissement, la somnolence, les troubles de l’équilibre et de la mémoire…

En les mélangeant avec l’alcool, ils risquent d’être encore plus nocifs pour l’individu, tout en perdant de leur efficience. En effet, ce cocktail aura tendance à augmenter la sédation du patient, celle-ci peut atteindre des seuils qui mettent en danger sa vie. Il peut aussi endommager le foie, provoquer une détresse respiratoire ou une overdose le faisant tomber dans le coma ou entraînant sa mort. 

Il est donc capital de s’abstenir totalement de la consommation d’alcool lors de la prise d’un traitement anxiolytique.

L’alcool et la perturbation du sommeil, un facteur aggravant pour l’anxiété

La durée et la qualité du sommeil ont un impact direct sur la gestion du stress, sur l’irritabilité et sur le niveau d’anxiété. Il faut d’ailleurs noter que contrairement aux idées reçues, l’alcool n’est pas le meilleur allié pour des nuits paisibles, loin de là. Il est vrai qu’il peut faciliter l’endormissement en agissant sur l’adénosine et le système GABAergique, mais il a une action néfaste sur le reste de la nuit.

En effet, selon Dematteis et Pennel (2018), le sommeil sera perturbé par des réveils fréquents en raison de la métabolisation de l’alcool, qui provoque une diminution des taux sanguins de l’hormone de croissance et de la mélatonine. Certains chercheurs ont même observé des cas d’apnées du sommeil chez des patients souffrant d’alcoolisme.

l'alcool aggrave les symptômes d'anxiété

Les alternatives à l’alcool pour gérer le stress et l’anxiété

Maintenant qu’il est clair que l’alcool est loin d’être un allié contre l’anxiété, il est important de trouver d’autres moyens qui permettent d’atteindre le bien-être. Voici les alternatives que nous considérons comme les plus efficaces :

  • Faire du sport : les résultats des études sont désormais sans conteste, l’activité physique est aussi bonne pour le corps que pour l’esprit. La sécrétion des hormones du bonheur va réduire le niveau des angoisses et du cortisol et ainsi aider à trouver la quiétude. Il existe cependant quelques conditions : il faut que l’exercice soit quotidien, pas très intense et qu’il dure en moyenne 30 minutes.
  • Méditer : la pratique méditative permet de contrôler ses pensées et ses émotions. Avec le temps, cela favorise la prise de recul par rapport à ses soucis et à ses préoccupations. En acceptant ces derniers,  le sujet apprend à les gérer. Il est important de noter qu’une telle activité va également améliorer considérablement la qualité du sommeil.
  • Essayer la phyto et l’aromathérapie : cela fait des siècles que les chercheurs tentent de découvrir comment la nature peut faire du bien à la santé mentale. Depuis, les plantes et les huiles essentielles sont devenues des alliés de choix de la sérénité. Afin de se relaxer, il est conseillé de boire des tisanes de valériane, de camomille et de mélisse. Il est aussi recommandé d’utiliser les bons dosages d’HE de lavande vraie, d’ylang-ylang, de bergamote…
  • Recourir à l’homéothérapie : parmi les produits de cette médecine douce qui sont les plus intéressants pour les sujets présentant des symptômes anxieux, il y a l’Argentum Nutricum, l’Arsenicum Album, l’Arnica Montan…

Si les méthodes naturelles ne permettent pas de s’en sortir seul, il faut faire face à la réalité et reconnaître que le trouble anxieux nécessite de prendre rendez-vous avec un spécialiste. Le psychologue ou le psychiatre sauront faire le bon diagnostic et orienter vers le traitement médicamenteux et/ou psychothérapeutique qui convient le mieux au patient.

Les ressources d’aide disponibles pour les personnes souffrant d’anxiété liée à la consommation d’alcool

Lorsqu’une personne souffre d’une anxiété consécutive à la consommation d’alcool, elle peut s’orienter vers les organismes suivants :

  • Les CAARUD et les CSAPA : ce sont des dispositifs qui aident aussi bien le sujet en souffrance que les professionnels qui ne sont pas formés à la prise en charge des addictions. Ils proposent généralement les soins en ambulatoire.
  • Le CTR, le CT et le CAUT  offrent les soins avec une formule résidentielle collective.
  • L’ACT, l’AT et les familles d’accueil permettent de s’en sortir dans le cadre d’un soin résidentiel individuel.
  • Le secteur sanitaire : il regroupe les consultations hospitalières, les hôpitaux de jour, les équipes Elsa…
  • Les microstructures médicales et les réseaux Santé Addiction de la ville. 

Principales ressources dans la prise en charge des addictions, schéma retrouvé sur le site https://www.solidarites-usagerspsy.fr/

Pour conclure,

Celui qui utilise l’alcool comme automédication contre l’anxiété risque gros.   En effet, ce remède n’en est pas un. Il s’agit d’un poison qui interfère via des neurotransmetteurs pour aggraver la symptomatologie anxieuse et diminuer l’efficacité des anxiolytiques, noyant le sujet dans un tourbillon infernal fait d’angoisses, de dépression, d’addiction et d’idéations suicidaires. Heureusement, il existe de nombreuses alternatives naturelles qui permettent de dépasser efficacement l’anxiété. Et si cela ne suffit pas, il est important de connaître les divers dispositifs qui ont été mis en place par l’État pour aider le patient à aller mieux.

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