Accueil Anxiété Le lien entre anxiété, dépression et syndrome du côlon irritable décrypté

Le lien entre anxiété, dépression et syndrome du côlon irritable décrypté

29 janvier 2024
Rédigé par Inès Mouldi
Vérifié par Inès Mouldi

Touchant plus de 3 millions de Français, le Syndrome du côlon irritable (SCI) est un trouble qui peut vite devenir invalidant et toucher la qualité de vie des patients. Son intérêt scientifique réside dans le fait qu’il illustre parfaitement les interactions entre le cerveau et la sphère gastro-intestinale. En effet, les chiffres et les résultats des études sont sans conteste : le SCI est très souvent associé à l'anxiété et à la dépression, soulignant ainsi l'étroite relation entre la santé mentale et le bien-être intestinal.

Qu'est-ce que le syndrome du côlon irritable ?

Nous retrouvons diverses appellations pour ce trouble : le SCI, le syndrome de l’intestin irritable (SII), la colopathie fonctionnelle…  

Toutes se réfèrent à cette pathologie qui a un impact sur la santé physique et mentale, se manifestant par des douleurs abdominales fréquentes et des troubles du transit tels que la constipation, la diarrhée ou une alternance des deux types de dysfonctionnement. Le sujet peut également présenter un ballonnement, des algies ano-rectales, des hémorroïdes, des brûlures d’estomac, des maux de tête, une fatigue chronique…

L’étude de Cruz et ses collaborateurs (2007) atteste que le syndrome du côlon irritable est souvent associé à d’autres symptômes d’ordre psychiatrique tels qu’une dépression ou de l’anxiété. Ces derniers peuvent précéder ou accompagner les manifestations gastro-intestinales.

Touchant essentiellement l’adulte jeune (entre 20 et 30 ans), cette maladie affecte plus les femmes que les hommes, avec un ratio de 2/1. D’après l’APSSII, elle est généralement chronique et elle peut évoluer en suivant un des schémas suivants :

  • Une aggravation de la symptomatologie
  • Une modification du trouble du transit intestinal,
  • Une persistance des symptômes, sans changements notables.
  • La disparition de la pathologie.
le syndrome du côlon irritable

Les facteurs psychologiques influençant le syndrome du côlon irritable

Depuis les années 2000, les chercheurs en santé mentale et en gastrologie n’ont cessé d’étudier les relations entre le microbiote et le cerveau pour comprendre comment les troubles intestinaux peuvent influer sur les maladies mentales et inversement. Découvrons l’impact de l’anxiété et de la dépression sur le syndrome du côlon irritable.

L'anxiété et son impact sur le syndrome du côlon irritable

Les études démontrent que le syndrome du côlon irritable est plus souvent associé aux pathologies anxieuses comme le trouble panique et l’anxiété généralisée qu’à la phobie sociale ou spécifique et aux troubles obsessionnels compulsifs (TOC).

Il est, par ailleurs, indéniable que l’anxiété a un impact sur le SCI. En effet, les patients rapportent tous une augmentation de l’intensité et de la fréquence de leurs symptômes par périodes de stress et une diminution de manifestation lorsqu’ils sont en vacances.

La dépression et son influence sur le syndrome du côlon irritable

Le lien entre le SCI et les troubles de l’humeur est clairement confirmé par la science. Rien que dans les recherches de Banjree et de Fond, rapportées par Carra A Simpson et ses collaborateurs en 2020, nous retrouvons que 84 % des participants touchés par la colopathie fonctionnelle souffrent également de dépression.

Dans la littérature scientifique, nous remarquons que les pathologies dépressives, accompagnant le syndrome intestinal, contribuent à l’aggravation des symptômes et qu’elles affectent négativement la qualité de vie du patient.

Les facteurs psychologiques influençant le syndrome du côlon irritable

Les mécanismes biologiques liant anxiété, dépression et syndrome du côlon irritable

La relation entre le syndrome du côlon irritable, l’anxiété et la dépression est clairement à double sens.

En effet, les troubles psychologiques semblent avoir un impact sur la motilité du côlon et de l’intestin grêle via la suractivation du système nerveux autonome et la perturbation de la régulation de la sérotonine. On observe alors une augmentation ou une réduction de la force des contractions du système digestif qui entraînent un changement dans la rapidité de dégradation des aliments et par là, l’apparition de la diarrhée ou de la constipation.

Selon Gwee et ses collègues (2003), les cytokines inflammatoires, dont l'interleukine-6 (IL-6), qui sont associées à la dépression et à l'anxiété, pourraient aussi contribuer au  développement ou à l'aggravation du SCI. Ceci se produit via le déclenchement d’inflammations dans le tube digestif.

Pour ce qui est du microbiote, s’il est perturbé, il va agir à son tour sur le fonctionnement psychique pour le déstabiliser. 

Nous retrouvons ainsi des recherches qui ont montré qu’une dysbiose (perte de l’homéostasie au niveau des intestins) engendre une augmentation du taux de cortisol salivaire et par conséquent une élévation des niveaux d’anxiété. Il a également été prouvé que ce déséquilibre de la flore intestinale peut provoquer une anomalie dans la sécrétion de divers neurotransmetteurs tels que le GABA et la sérotonine. Cela joue un rôle majeur dans l’émergence des affections anxio-dépressives.

Les approches de traitement pour les personnes souffrant de SCI associé à un trouble anxieux ou à une dépression

L’inconfort et la souffrance des sujets présentant le SCI font que la vie devient réellement difficile, et ce, surtout quand les troubles se chronicisent et durent dans le temps. Heureusement, diverses méthodes thérapeutiques permettent d’adoucir le quotidien. Il arrive même parfois qu’elles éradiquent la pathologie. Parmi les solutions le plus souvent proposées par les spécialistes, il y a :

  • La greffe fécale : elle viserait à rééquilibrer le microbiote et à retrouver un bien-être physique et mental. Il faut noter que l’American College of Gastroenterology (ACG) ainsi que de nombreux chercheurs la déconseillent en raison de son manque d’efficacité.
  • Les psychothérapies (TCC, hypnothérapie…) : elles permettent d’alléger les souffrances psychiques et physiques du sujet et d’améliorer sa qualité de vie.
  • Les traitements médicamenteux.

Thérapies cognitivo-comportementales pour gérer l'anxiété intestinale

La thérapie cognitivo-comportementale a, à maintes reprises, prouvé son efficacité dans le traitement du SCI. Dans cette étude,  61 % des participants ont remarqué une amélioration de leur état contre seulement 43 % des sujets qui ont suivi une autre psychothérapie.  

Pour que la TCC soit efficace dans ce cas précis, il est important que le thérapeute réalise une psychoéducation du patient pour que ce dernier devienne parfaitement conscient des liens entre son état mental et ses symptômes. Il faut également qu’il apprenne à gérer et à rationaliser ses pensées et ses cognitions négatives. Enfin, l'entraînement à la relaxation permet de mieux faire face au stress et de modifier la perception de la douleur (Sabate, 2022).

Médicaments utilisés pour soulager l'anxiété intestinale

Les progrès des connaissances en matière de l’axe intestin-cerveau ont permis de comprendre que les psychothérapies, mais également les traitements anxiolytiques et/ou antidépresseurs pouvaient être d’une grande efficience face au syndrome du côlon irritable.

Ainsi, le patient aura bien sûr droit à un laxatif ou à un ralentisseur du transit intestinal, selon la forme de SCI dont il souffre. Son médecin lui prescrira aussi un médicament antispasmodique pour traiter les douleurs abdominales. Mais il pourra surtout lui proposer un inhibiteur sélectif de la recapture de la sérotonine (ISRS) ou un antidépresseur tricyclique.

Les approches de traitement pour les personnes souffrant de SCI associé à un trouble anxieux ou à une dépression

Conseils pratiques pour gérer l'anxiété liée au syndrome de l’intestin irritable au quotidien

En plus du recours aux traitements susmentionnés, la personne souffrant de syndrome du côlon irritable peut réduire son anxiété toute seule en utilisant des techniques de relaxation. Elle peut également s’entourer d’individus expérimentant les mêmes vécus.

  • L’auto-hypnose : il a été clairement démontré que l’hypnose favorise le bien-être général et atténue considérablement les symptômes des colopathies fonctionnelles. Les résultats peuvent s’observer au bout de 3 à 4 mois. Pour ceux qui ne sont pas experts en la matière, il est important de savoir qu’il n’est pas difficile d’apprendre à pratiquer le training autogène de Schultz en ligne.
  • La méditation pleine conscience : elle contribue à réduire les ballonnements et les douleurs abdominales. De plus, la prise de recul par rapport au quotidien et l’amélioration de la capacité à accepter ses émotions et ses sensations corporelles aident le sujet à adopter sa pathologie et à mieux vivre avec.
  • Participer aux groupes de paroles : cela représente un intérêt non-négligeable sur les plans émotionnel et psychologique. Ces espaces de discussion offrent un soutien précieux en permettant aux individus de partager leurs expériences avec d'autres personnes confrontées aux mêmes contraintes/souffrances. Cette interaction sociale peut jouer un rôle significatif dans la réduction du stress et de la dépression en créant un sentiment de compréhension mutuelle. Il faut noter qu’il est possible de retrouver des patients touchés par le SCI en contactant l’APSSII.

La prévention de l'anxiété en lien avec le syndrome du côlon irritable : comment réduire les risques ?

Afin de sortir des griffes de l’anxiété liée au SCI, il faut aussi bien essayer de réduire les symptômes de la maladie qu’améliorer son bien-être psychique de manière générale. Ainsi, le patient peut :

  • Surveiller son alimentation et tenir un journal de ses repas : cela permet de repérer les aliments qui peuvent contribuer à l’amplification de la symptomatologie.
  • Adapter son régime alimentaire : si le syndrome est accompagné de diarrhées, il faut éviter les légumineuses de choux de Bruxelles et de brocolis et de chou-fleur. Par contre, s’il est associé à de la constipation, il faut consommer des fibres. Dans les deux cas, il est important de boire beaucoup d’eau.
  • Faire une cure de probiotiques pour soulager les ballonnements et améliorer l’équilibre de son microbiote
  • Dormir au moins 8 heures par nuit : cela réduit la fatigue et l’irritabilité.
  • Marcher 30 minutes par jour : il a été démontré que la marche, le yoga et la natation ont un impact positif sur la qualité de vie des sujets souffrant de SII.
La prévention de l'anxiété en lien avec le syndrome du côlon irritable

Les autres troubles gastro-intestinaux liés à l'anxiété et à la dépression

L’interaction intestin-cerveau fait que l’anxiété et la dépression peuvent occasionner divers autres troubles intestinaux. Parmi ces derniers, nous retrouvons :

  •  Le reflux gastro-œsophagien : le stress chronique peut prédisposer à son développement et intensifier la sensation de douleur et de brûlure à l'estomac.
  • Les ulcères gastro-duodénaux : provoqués par une bactérie nommée H. pylori, ce dernier trouve dans l’organisme du sujet stressé le terrain idéal pour se former.
  • Les maladies inflammatoires de l’intestin : affectant le système immunitaire et les réponses inflammatoires du corps, les troubles dépressifs ou anxieux favorisent l’apparition des colites ulcéreuses et de la maladie de Crohn.

Conclusion

Ainsi, le syndrome du côlon irritable est une maladie chronique qui affecte la motilité des intestins provoquant une modification du transit. Elle s’accompagne de douleurs abdominales récurrentes et très souvent d’anxiété ou de dépression. Au niveau biologique, ce trouble est lié à l'interaction entre le microbiote intestinal et le cerveau. Cette connexion contribue à aggraver aussi bien les symptômes psychiques que somatiques. Pour traiter efficacement le SCI, une approche prenant en compte à la fois les aspects physiologiques et psychologiques est essentielle. C'est pourquoi les spécialistes prescrivent fréquemment des antidépresseurs et des psychothérapies.

Le lien entre anxiété, dépression et syndrome du côlon irritable décrypté
Les auteurs de cet article :
Inès Mouldi
Inès Mouldi, Psychologue Clinicienne
Inès Mouldi
Inès Mouldi, Psychologue Clinicienne
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